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Culture / La violence mise à nu dans «La Scuola Cattolica»


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«La Scuola Cattolica», Stefano Mordini, 106 minutes, sur Netflix.



Retour sur le massacre du Circeo. Un fait marquant en Italie et au-delà. Septembre 1975, dans une villa près de Rome, trois jeunes garçons de bonne famille séquestrent, droguent, violent et massacrent deux jeunes filles. L’une des deux survit. Elle est retrouvée par la police dans le coffre exigu d’une Fiat 127, à côté de son amie morte et enroulée dans une toile de plastique. Nous avions évoqué ce crime dans notre éloge de l’excellent roman de Pierre Adrian, Les bons garçons qui narre exactement la même affaire. Cette dernière a évidemment choqué, elle a moins évidemment créé le débat. Pourquoi ces filles ont-elles accepté de monter dans la voiture de ces garçons? Ne les ont-elles pas provoqués par leurs tenues? La presse de l’époque a quasiment considéré qu’elles étaient peut-être plus coupables que victimes. A l’époque, en Italie, le viol n’était pas considéré comme un crime. C’est par cette affaire que les consciences juridiques se sont réveillées, et que le viol a été pénalement puni dès 1996. La Scuola Cattolica pose problème. La narration compte ses défauts, bien que sa photographie soit excellente. Mais ce qui gêne vraiment c’est la violence: c’est ce qui fait que le film subit à la fois des critiques négatives et dégoûtées, mais se dresse dans le Top 10 des films les plus vus actuellement sur Netflix. La violence nous attire-t-elle tant que nous n’osons pas l’avouer, jusqu’à crier à l’indignation? Oui, la violence gratuite est bien exposée, et elle fait mal. Oui, les deux victimes saignent et pleurent. C’est pourtant cette violence mise à nu qui dénonce sans détour cette «école catholique» moralisatrice – où les prêtres vont pourtant aux putes –, ces familles bourgeoises, hypocrites et violentes qui ont mis au monde ces trois monstres qui ont cru avec malice qu’il fallait violer et massacrer pour un devenir un homme.

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