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Culture / Charlize Theron, cette fille, c’est de la bombe


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C’est le film idéal pour la Piazza Grande qui le projette ce soir. «Atomic Blonde», film d’espionnage situé à Berlin à la fin de la guerre froide doit beaucoup à sa sublime bande-son années 80 et à Charlize Theron, d’une classe époustouflante. Un plaisir vintage à consommer sans modération. Sortie romande le 23 août.



L’été 2017 est aux playlists. Il y a d’abord la trilogie «Vernon Subutex» de Virginie Despentes, saga punk-rock qui recense tout ce qui se faisait de mieux dans les années 80-90.

Il y aussi «Baby Driver», thriller réalisé pied au plancher, où le héros vit et agit au rythme de son iPod. La musique est au cœur du scénario; c’est elle qui dicte l’action.

Il y a désormais «Atomic Blonde», de David Leitch, ancien cascadeur – notamment sur «Matrix» – passé à la réalisation. L’intrigue se situe à Berlin en 1989. La ville, qui vit les derniers soubresauts de la guerre froide, est le théâtre d’un jeu d’espions où tous les coups sont permis. C’est là que débarque Lorraine Broughton (Charlize Theron), agent des services secrets britanniques chargée d’enquêter sur le meurtre d’un de ses collègues, d’accompagner à l’ouest un ancien de la Stasi et de récupérer un document qui contient le nom d’un traître.

Les raisons d’y aller

Disons-le d’emblée: ce n’est pas le scénario qui rend le film inoubliable; il est confus et téléphoné. Ce qui fait le charme de cette adaptation de «The Coldest City », le roman graphique d’Anthony Johnston, c’est le mélange glam-rock, l’ambiance punk d’une ville promise à tous ceux qui veulent la posséder, la naissance d’un prototype féminin incarné par Charlize Theron, des scènes d’action qui vous donnent illico envie de vous inscrire à des cours de boxe, et une B.O. qui égrène le meilleur des années 80-90. A défaut de chef-d’œuvre, on peut parier sur un statut de futur film culte.

Epoustouflantes scènes de combat

D’abord parce que les scènes de bagarre abordent le combat de manière à la fois chorégraphique et réaliste, misant sur la durée des plans, la fatigue des combattants, leurs ratés, leurs coups pas toujours glorieux quand il s’agit d’achever son adversaire avec un toaster, et bien sûr les temps morts nécessaires après un KO. Elles sont belles sans être héroïques, très bien rythmées, variées, crédibles, explosives et souvent inventives. La scène où l’espionne solitaire doit se défaire de ses attaquants devant et derrière l’écran d’un cinéma qui projette «Stalker» de Tarkovski est particulièrement réussie. On retiendra aussi la course folle de Charlize Theron se jetant dans le vide, face caméra, espérant que la corde qu’elle a attaché au cou de son ennemi sera assez longue et solide pour la faire passer d’un balcon à l’autre – mais qui se prend néanmoins la porte dans la figure. Ou encore cette bagarre de près de huit minutes qui va du salon à l’escalier, transformant tous les objets de la vie quotidienne en armes potentielles, et laissant bien amochée l’agent spécial de sa Majesté.

Plusieurs effets de surprises

Car en dépit de son scénario téléphoné, le film sait surprendre, déjouer nos attentes, s’amuser avec le film de genre, à commencer par l’apparition de l’héroïne plongée dans une baignoire remplie de glaçons. La scène devrait être sexy, elle ne l’est pas: elle montre une Charlize Theron couverte de bleus, la lèvre déchirée, tentant de soulager ses blessures à coups d’eau froide, de clopes et d’alcool fort.

Charlize Theron, l'icône

C’est là qu’il faut dire tout le bien que l’on pense de l’actrice qui a exécuté seule ses cascades et s’est impliquée dans ce rôle à raison de cinq heures d’entraînement par jour, y laissant deux dents et quelques hématomes. Mais le résultat est là; avec son look à la Deborah Harry, la chanteuse de Blondie, elle transcende les scènes d’action, et quand elle se présente devant ses supérieurs, le visage tuméfié et l’œil au beurre noir, c’est avec la fierté des combattantes. Accessoirement, elle transcende aussi les scènes de repos avec des tenues 80-90 mises à disposition par la maison Dior, notamment un sublime manteau rouge qu’elle porte dans l’esprit conquérant des photos d’Helmut Newton. Son personnage n’est pas sans rappeler celui d’un James Bond qui serait revenu à l'état sauvage et qui aurait troqué son Martini, une boisson de fillette, contre de la Vodka cul sec.

Tout pour la musique

Enfin, à porter au crédit de cette bonne surprise estivale, l’extraordinaire bande-son punk-new wave. Là encore, le réalisateur ose la durée, proposant certains morceaux presqu’in extenso. Celui qui domine est le félin, le tellurique, l’explosif «Cat people» de David Bowie. Parmi les autres pépites, on citera New Order, Siouxsie and the Banshees, Depeche Mode, Alice Cooper, Led Zeppelin, Eurythmics, The Cure, The Fixx, les Clash bien sûr, et deux morceaux allemands qui ont marqué ces années-là: Nena avec «99 Luftballons» et Falco avec «Der Komissar». La musique n’est pas décorative, elle irrigue le film quasiment en intraveineuse, chaque scène étant défendue par un morceau qui lui donne sa tonalité. Les yeux et les oreilles sont comblés. Heureux les Locarnais qui découvriront ce soir en avant-première cette petite bombe estivale.


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