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Chronique

Chronique / Sur la route des épices

Ondine Yaffi

30 juin 2018

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Jouer c'est bon pour la tête! Avec plus d'un millier de sorties par année, uniquement pour la discipline du jeu de société, il faut étendre la pratique aux tables des terrasses, des trains, des écoles, à nos serviettes de plages, aux dîners de famille... C'est pourquoi «Bon pour la tête» vous propose un rendez-vous mensuel dans lequel Ondine partage avec vous ses découvertes.



Bien avant l’ère chrétienne, la provenance des épices était gardée secrète et les marchands aimaient raconter des histoires fantastiques afin d’entourer leurs origines de mystère.

Le temps se chargea de faire disparaître les dragons qui transforment le bois en cannelle et les djinns qui cueillent le safran. Les routes terrestres, puis maritimes, permettant l’acheminement de ces précieuses denrées, furent l’objet de luttes de pouvoir entre les nations. C’est principalement le commerce des épices qui façonna la structure économique de l’occident et ses relations commerciales avec l’orient.

«Game of  Spices»

Century «La route des épices» d’Emerson Matsuuchi est le premier volet d’une trilogie. Plan B, sa maison d’édition, a certainement jugé trop indigeste de tout mettre dans la même boîte et surfe sur la vague des séries. Le concept de sortir trois jeux, qui pourront être joués séparément ou combinés, avec une thématique commune à des époques différentes est effectivement assez séduisant.


Le plaisir du jeu de gestion sans dégoûter les débutants

Dans ce premier volet, 2 à 5 adversaires dirigent chacun une caravane parcourant le Moyen-Orient. Les enfants dès 8 ans pourront s’y aventurer.

Ce jeu est parfait pour celles et ceux qui désirent découvrir le monde retord des jeux de gestion sans se retrouver définitivement écœurés par la lecture de quinze pages de règles avant même d’entamer une partie de trois heures: les règles tiennent en quelques lignes et la partie dure moins d’une heure.

Emerson Matsuuchi a réussi à créer un jeu court et facile d’accès, tout en donnant à ceux et celles qui, comme moi, aiment la gymnastique cérébrale, de quoi être nourris. En tout cas le temps de l’apéritif!

Le jeu se compose de quatre bols d’épices, de cartes marchand, de cartes lieu (points), de pièces argentées et dorées et de cartes représentant la caravane des joueurs.ses. Et on remercie la maison d’édition de ne pas avoir lésiné sur la qualité du matériel et des illustrations.

Comme au souk

Les épices ont chacune une valeur différente: le turméric vaut moins que le safran qui vaut moins que la cardamome qui vaut moins que la cannelle.

Les cartes marchand nous permettent de recevoir des épices, de les troquer (par exemple 2 cardamomes contre 2 safrans et 3 turmérics...), ou encore de les faire monter en puissance (par exemple 2 turmérics transformés en 2 safrans). Et un peu comme au souk, on doit effectuer de multiplies transactions pour obtenir ce que l'on veut.

Les cartes lieu servent a obtenir des points en défaussant les épices indiquées au bas de celles-ci. Quand un.e joueur.se achète sa cinquième carte lieu (sa sixième dans les parties à 2 ou 3)  le jeu se termine.

Les pièces rajoutent simplement des bonus de points à certaines cartes lieu.

A chaque tour de jeu, nous allons pouvoir faire une et une seule action sur les quatre possibles:

- jouer une carte de notre main et appliquer son pouvoir

- acheter une des six cartes marchand révélées sur la table et l’ajouter à sa main

- revendiquer l’une des cinq cartes lieux révélées sur la table

- se reposer afin de reprendre toutes les cartes que l’on a jouées précédemment pour reconstituer sa main et pouvoir les jouer à nouveau.

Simplicité ne signifie pas facilité

Ce jeu se base sur la mécanique du deckbuilding. Cela signifie que pour devancer ses adversaires, il faudra se construire une main dont les enchaînements seront les plus efficaces.

Les cartes qui donnent directement des épices sont rares, il faudra donc obtenir les cartes marchand nous permettant de démultiplier efficacement nos épices tout en anticipant la suite avant de dépenser trop de ressources pour revendiquer un lieu.

Côté interaction, elle paraît inexistante lors de la première partie. Une fois le stade de l’apprentissage passé, on se mettra à surveiller étroitement les stocks des adversaires pour deviner leurs objectifs et les devancer. On prend alors autant de plaisir à rationaliser sa production qu’à saboter les plans des concurrents.

Vivement la prochaine «saison»

Si la thématique des épices vous parle peu et que vous préférez les pierres précieuses, une variante Century «La route des épices édition Golem» a vu le jour.

Pour ma part, je vais m’empresser d’acquérir le deuxième volet Century «Merveilles de l’est» à paraître en juillet, car je suis extrêmement curieuse de voir ce qu’Emerson Matsuuchi nous a concocté. Si ce dernier tient ses promesses (on imagine d’autres mécaniques imbriquées avec fluidité à l’efficacité de la route des épices) on obtiendra trois bons petits jeux et, en les assemblant, un exceptionnel «gros» jeu, pour un plaisir ludique proportionnel.   

Quelques rendez-vous ludiques

Le temps des vacances, vos meilleurs rendez-vous ludiques se feront autour de vos tables de jardin, de vos châteaux de sable, de vos boules de pétanque... et sous les taquineries aquatiques des bambins. Bel été à vous!

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