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Chronique

Chronique / Donald Trump dans le langage fleuri de ses adversaires

Gian Pozzy

19 janvier 2018

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Tandis que la Suisse officielle dit se réjouir de recevoir Donald Trump à Zurich et Davos, avec ses six avions, trois hélicoptères, quatre limousines blindées, une ambulance, quinze autres véhicules et une suite de quelques centaines de personnes, aux Etats-Unis le peuple démocrate ne désarme pas.



Pour être abonné depuis longtemps à divers organes de presse progressistes américains, le soussigné reçoit régulièrement des demandes de soutien à divers lobbies écœurés appelant à stigmatiser les promesses populistes ou les mensonges de Donald Trump, à souhaiter bon anniversaire à Barack Obama ou à sa femme Michelle, à financer l’action de l’ex-candidat démocrate Bernie Sanders (bientôt 77 ans). Bref, à s’opposer par tous les moyens à la «trumperie» twitteuse et triomphante à Washington.

Le langage de ces nostalgiques d’Obama, stupéfaits que leur pays ait pu élire le milliardaire à la mèche jaune-orange, est direct, fleuri et ne s’embarrasse guère de formules de politesse. On ne saurait résister à l’envie de vous livrer des extraits du dernier message reçu sous le titre élégant «Trump is so pissed».

On me demande d’écrire à «President» Donald Trump (notez les guillemets), 1600 Pennsylvania Avenue, Washington D.C. 20500, le message suivant:

«Je vous écris pour vous faire savoir que vous êtes un raté absolu. Vous avez échoué à aider des Américains en souffrance après des catastrophes naturelles dévastatrices. Vous avez échoué à aider des Américains qui ont désespérément besoin de soins de santé. Donald Trump, vous n’êtes rien d’autre qu’un raté pathétique. Le fait que vous critiquiez sans cesse tout ce qu’a fait le président Obama me répugne. Du coup, je fais un don pour vous punir de vos échecs et vous virer de votre bureau (et là je suis censé cliquer pour donner, ndlr). M. Trump, vos incessantes tentatives de calomnier le président Obama et ruiner son héritage sont pathétiques et inutiles. Et vous savez quoi? Vous venez de conduire les Républicains à des défaites massives en Virginie et en Alabama. Vous êtes un tel «loser»!

Ne vous illusionnez pas: ceci n’est que la pointe de l’iceberg. Nous voterons pour que vous et chaque Républicain se fasse virer de son mandat pour les dommages que vous avez causés.

Vous voulez que nous fermions les yeux. Vous voulez que nous ignorions votre corruption, votre racisme, votre incompétence et vos échecs. Mais je ne serai pas aveugle. Je suis un fier progressiste.»

Etc., etc.

Personnellement, ce langage roboratif me réjouit et il y a bien quelques élus en Suisse auxquels j’adresserais volontiers un message du même tonneau. Je contribuerais volontiers aussi à un financement participatif servant à soutenir les bonnes causes envers et contre la mesquinerie, l’égoïsme, la désinformation, l’abus des voies de la démocratie (initiative populaire, référendum) qui caractérisent de plus en plus mon pays, la Suisse.

Le problème, avec les sites associatifs américains, c’est qu’ils ne savent pas toujours que le reste du monde existe et s’intéresse au sort de la première (encore pour quelque temps) puissance mondiale: chaque fois que le soussigné a tenté de verser quelques dollars pour la bonne cause (pour débarrasser le monde du «génie le plus stable» ), son offre de soutien s’est systématiquement brisée à la rubrique «Zip-Code», numéro d’acheminement postal: CH-1095, ça ne passe décidément pas…

A propos, selon le dernier sondage Gallup, la politique étrangère de Trump est approuvée par 30% des Américains. A la même époque de son mandat, Barack Obama recueillait 48% d’avis favorables. Dieu sait ce que Trump va nous raconter à Davos…


P.S. Selon les dictionnaires, le patronyme Trump, en anglais, signifie «atout». Est-on bien sûr de la traduction?


VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Gorbounova 21.01.2018 | 23h21

«Est-ce vraiment un langage roboratif ??? Personnellement, je pense que l'on peut se mesurer à son "adversaire" en débattant de manière plus élégante et factuelle de ses errements... Par contre, je rejoins tout à fait Gian Pozzy quand il parle d'abus des voies de la démocratie suisse. Un vrai cancer est en train de se développer dans notre système démocratique, dernier exemple en date : l'initiative "No billag" d'une insignifiance crasse... qui mobilise beaucoup d'énergie pour en souligner la perversité alors qu', évidemment, nous avons d'autres problèmes, oh combien plus épineux, à traiter et résoudre dans notre pays. »