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Analyse / Les causes profondes de la guerre en Ukraine


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Dans les temps troublés, quand plus personne ne sait ce qui se passe et que les meutes d’indignés et de pseudo-experts submergent l’espace public de pathos et de théories oiseuses, il convient de revenir aux fondamentaux. En l’occurrence, à Montesquieu. Qui a dit deux choses importantes. La première est qu’en matière de guerre il ne faut pas confondre les causes apparentes avec les causes profondes, et la seconde qu’il ne faut pas confondre ceux qui l’ont déclenchée avec ceux qui l’ont rendue inévitable.



Pour la grande majorité du public et des médias intoxiqués par des décennies de propagande antirusse et pour les experts de plateau qui ont oublié toute culture stratégique, la cause de cette guerre est entendue: Poutine est fou. C’est un grand malade, un paranoïaque isolé dans son Kremlin, un criminel de guerre, un satrape vendu aux oligarques, un mégalomane cynique qui rêve de rétablir l’empire des tsars, une réincarnation d’Ivan le Terrible, un dictateur déséquilibré et capricieux qui a attaqué sans raison une nation innocente dirigée par un président démocrate et courageux soutenu par de vertueux Européens. Le cadre ainsi posé - les Grands Méchants d’un côté, les Gentils de l’autre – le narratif de la guerre peut se déployer: les Russes ont bombardé Babi Yar et une centrale nucléaire, ils massacrent les civils, un génocide est en cours tandis que les Ukrainiens résistent héroïquement. 

Voilà ce qu’on resasse dans les médias depuis quinze jours. Il est en effet possible que Poutine soit fou et que le poutinisme soit la cause de la guerre. Mais ce n’est pas sûr. Il se pourrait que, au contraire, Poutine soit très rationnel, ou en tout cas aussi rationnel que ceux qui ont attaqué, affamé et dévasté le Vietnam, Grenade, Panama, l’Irak (deux fois), la Serbie (deux fois), la Syrie, l’Afghanistan, le Soudan, la Libye, le Yémen (entre autres) ces dernières décennies au prix de centaines de milliers de morts. Il se pourrait par exemple que Poutine soit intervenu en Ukraine parce que, constatant que l’Occident avait refermé toutes les options diplomatiques (mise en œuvre des accords de Minsk, non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN), il n’avait pas d’autre choix s’il voulait éviter que la Russie soit démembrée et transformée en colonie américaine. 

Sans remonter à l’Ukraine «berceau historique et religieux» de la Russie, on peut faire dater la cause profonde de cette guerre à 1997 quand Zbigniew Brezinski, le plus influent conseiller des présidents américains pendant trente ans, a publié son livre Le Grand Echiquier, dans lequel il expliquait que le but stratégique des Etats-Unis consistait à s’emparer de l’Ukraine et démembrer la Russie pour briser sa puissance en Europe et l’empêcher de se joindre à l’Allemagne. 1997 étant par ailleurs l’année où la première phase de ce programme s’est mise en place avec l’entrée dans l’OTAN de la Pologne, de la Tchéquie et de la Hongrie…

Depuis lors, les événements se sont enchaînés. En 1999, la Serbie est bombardée par l’OTAN en violant le droit international. En 2004 a lieu la deuxième vague d’extension de l’OTAN à l’Est, qui coïncide avec les révolutions de couleur destinées à isoler la Russie de ses proches voisins (Géorgie 2003, Ukraine 2004, Kirghizstan 2005). En 2008 à Bucarest, l’OTAN invite l’Ukraine et la Géorgie à la rejoindre avant de donner son feu vert à Saakachvili pour attaquer l’Ossétie du Sud dans la nuit du 8 août. En 2014, la révolte de Maidan est transformée en putsch avec l’aide de milices néonazies qui tirent sur des policiers et font accuser le gouvernement légitime avant de le renverser avec le soutien de la Secrétaire d’Etat américaine adjointe Victoria «Fuck the EU» Nuland, qui installe un nouveau régime à la solde des Etats-Unis avec Arseni Iatseniouk puis Petro Poroshenko. On trouvera les détails de la stratégie de l’OTAN et les preuves du coup d’Etat de février 2014 sur la vidéo «Watch: Mearsheimer and McGovern on Ukraine», Consortium News, March 6, 2002.

Le lendemain du coup d’Etat, la langue russe est interdite et l’ukrainien devient langue obligatoire dans les administrations, les magasins, etc. Ce qui provoque l’annexion de la Crimée et le soulèvement du Donbass. Depuis lors, l’armée ukrainienne et les bataillons d’extrême-droite qui ont gangrené l’administration ukrainienne à tous les niveaux (voir à ce sujet l’excellente synthèse d’Alex Rubinstein and Max Blumenthal, How Zelensky made Peace With Neo-Nazis, Consortium News, March 4, 2022) assiègent le Donbass au prix de milliers de morts essentiellement russophones (14'000 morts au total). 

Depuis 2015, l’essentiel de l’armée ukrainienne et des bataillons néonazis Azov, Aidar et Pravy Sektor sont massés dans le Donbass, faisant craindre un assaut en règle à tout moment, ainsi que dans les villes stratégiques d’Odessa, Marioupol et Kharkiv (d’où la résistance de ces villes face à l’armée russe, les bataillons néonazis refusant de relâcher les civils et s’en servant comme boucliers humains). Cette stratégie du cheval de Troie ukrainien a été officiellement confirmée en 2019 avec le rapport de la Rand Corporation (une émanation du Pentagone) qui a, trente ans après la fin de la guerre froide, à nouveau désigné la Russie comme l’ennemi stratégique principal des Etats-Unis et évalué le coût/bénéfice des différentes options américaines à ce sujet (Overstanding and Unbalancing Russia. Assessing the Impact of Cost-Imposing Options).

En 2020, l’escalade des tensions est freinée par le Covid et la campagne électorale américaine. Puis les événements s’emballent en 2021 avec l’entrée en fonction de Joe Biden, qui a joué un rôle essentiel avec John McCain dans le putsch de Maidan, et dont le fils Hunter a faite de juteuses affaires à Kiev pendant l’ère Poroshenko. Une spirale infernale s’amorce:

17 mars 2021: Biden traite le président Poutine de tueur.

18/19 mars 2021: Blinken et Sullivan essaient de dissuader les Chinois de s’allier avec la Russie.

24 mars 2021: Zelensky affirme qu’il va reprendre la Crimée et le Donbass.

25 mars: la Russie commence à rassembler des troupes près de la frontière ukrainienne.

13 avril: Biden rappelle ses navires de guerre en mer Noire et appelle Poutine pour proposer un sommet à Genève.

16 juin: sommet Biden-Poutine à Genève, sans résultat.

15 décembre: Poutine et Xi Jinping affirment que leur alliance va au-delà d’une alliance. Le même jour, la Russie propose deux traités de paix aux Etats-Unis et exige une réponse écrite (pour éviter de tomber dans le piège des engagements oraux donnés à Gorbatchev en 1991). Des drones ukrainiens sont tirés sur les populations civiles du Donbass et près de la Crimée. Les Russes massent leurs troupes.

4 février: Poutine et Xi Jinping affirment que leur amitié n’a pas de limites et qu’il n’y a aucune zone de coopération interdite entre la Chine et la Russie.

7-12 février: les médiations française et allemande échouent car ni Macron ni Scholz ne veulent/ne peuvent convaincre Zelensky d’appliquer les accords de Minsk, dernière chance pour la paix.

24 février: les Russes lancent leurs opérations militaires en Ukraine pour «dénazifier, démilitariser et neutraliser» le pays.

Mais la protection du Donbass et la neutralisation de l’Ukraine ne sont que les plus visibles des causes du conflit. La seconde série de causes, et qui est de loin la plus importante, tient à l’équilibre des forces stratégiques et à la doctrine de la destruction mutuelle assurée en cas d’attaque nucléaire. Cet équilibre de la terreur se serait trouvé de facto biaisé en faveur de l’Occident en cas de militarisation ou d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. En effet, une fois l’Ukraine tombée dans l’orbite militaire occidentale, l’OTAN y aurait installé ses armes nucléaires comme en Pologne et en Roumanie, plaçant Moscou à cinq minutes de la destruction totale et l’empêchant du même coup de riposter par un feu nucléaire équivalent et susceptible d’anéantir en retour l’Europe et les Etats-Unis. 

Ce scénario aurait ruiné l’indépendance et la souveraineté de la Russie. Tout comme l’installation de fusées nucléaires russes à Cuba ou au Mexique réduirait à néant la capacité des Etats-Unis à se défendre et les obligerait à se soumettre à la volonté de Moscou. La Russie ne bénéficiant pas d’un système d’alerte avancé comme les Etats-Unis, elle est en effet particulièrement exposée. Et elle se sent d’autant plus menacée que les Etats-Unis ont unilatéralement dénoncé des traités nucléaires INF (2019) et Open Sky (2020) qui garantissaient une certaine sécurité et maintenaient un dialogue stratégique. Dans ces conditions, l’établissement d’une zone tampon entre la Russie et les missiles nucléaires américains en Europe - soit l’Ukraine et la Géorgie en l’occurrence - devenait une question existentielle pour les Russes.

Cette cause, qui n’est jamais expliquée dans les médias et par les politiques occidentaux parce qu’elle mettrait en lumière leur agressivité et leur volonté d’hégémonie, a été le facteur déclenchant de la guerre. Elle explique aussi pourquoi des puissances telles que la Chine, l’Inde et même le Pakistan restent neutres, voire favorables à Moscou. Pour la Chine, l’enjeu est très clair. Si l’Ukraine tombe en mains occidentales et que la Russie est affaiblie, voire perd cette guerre, la Chine sait qu’elle n’a aucune illusion à se faire: elle sera la prochaine sur la liste. Et sans allié russe, Pékin serait en très mauvaise posture car il se trouverait encerclé de tous côtés. On comprend aussi mieux pourquoi Taiwan est d’une importance si vitale pour la Chine... 

Quant à l’Inde, avec son milliard et demi d’habitants et qui ne dispose même pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité alors que la France et la Grande-Bretagne en ont deux avec dix fois moins de citoyens, elle ne peut se résoudre à se laisser marginaliser par une victoire totale de l’Occident. Le non-alignement est une affaire d’honneur et de survie géopolitique pour elle. 

Vue sous cet angle, la bataille pour l’Ukraine prend une autre dimension. Il ne s’agit rien moins que d’une guerre pour la suprématie mondiale, les uns cherchant à restaurer leur hégémonie complète tout en vassalisant l’Europe, tandis que les autres luttent pour un monde multipolaire. Une nouvelle version de la lutte pluriséculaire du monde des Blancs contre la coalition des Noirs, des Colorés et des Jaunes. Voilà qui expliquerait pourquoi les 40 pays asiatiques, africains et latino-américains qui ont soutenu ou se sont abstenus de sanctionner la Russie lors du vote des Nations Unies, et qui représentent 4,5 milliards d’êtres humains, regardent le spectacle de loin et avec le secret espoir que la Russie gagne son bras de fer. Ils connaissent le goût des bombes, des assassinats et des dictatures imposées de l’extérieur. Ils ont appris à connaitre la rapacité, la cupidité et le cynisme d’un Occident qui les opprime depuis des siècles au nom de la civilisation, de la démocratie et des droits de l’Homme mais qui fait tout le contraire quand ses intérêts sont en jeu. 

Ils savent que ce qui les attend, c’est un siècle de néocolonialisme sous prétexte de lutte pour la liberté. Ils ont vu comment l’Europe, qui se gargarise d’humanisme, a accueilli à bras ouverts les Ukrainiens «blancs, chrétiens et vêtus des mêmes habits que nous» en leur offrant des billets de train gratuits, et fermé ses portes aux étudiants nigérians, indiens, pakistanais, chinois, afghans, syriens qui cherchaient à fuir les combats (voir à ce sujet la tribune du philosophe slovène Slavoj Zizek, l’Ukraine et la Troisième Guerre mondiale, L’Obs, 1er mars 2022). Ils ont vu se noyer les Africains en Méditerranée alors qu’on se barricadait contre eux. Ils ont vu comment les Européens, qui leur donnaient des leçons de pacifisme et d’écologie, n’hésitaient pas à trahir leurs engagements pour réarmer l’Allemagne à coups de dizaines de milliards d’euros, livrer des tonnes d’armes à l’Ukraine et acheter du gaz de schiste et du pétrole de fracking américain alors qu’ils les vilipendaient quelques mois plus tôt. Ils regardent avec attention les nouveaux Gauleiter de la pureté culturelle et de la morale inclusive européenne bannir les musiciens, écrivains et interprètes, les Tchaikovsky, Dostoievsky, Valery Gergiev, Anna Netrebko des universités et des salles de concerts, voire les handicapés des Jeux paralympiques et les chats des concours de beauté internationaux! 

Tel est le prix de la guerre. Elle ruine les vaincus mais aussi l’âme des vainqueurs, si tant est qu’ils vainquent et qu’ils en aient encore une… (Suite la semaine prochaine: qui sont les gagnants et les perdants de la crise ukrainienne).

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

18 Commentaires

@Clive 11.03.2022 | 04h41

«C'est évidemment un point de vue possible. Mais vous oubliettes tout simplement la volonté des peuples concernés, qui ne sont pas que de simples marionnettes aux mains de quelques stratèges américains...votre réflexion géopolitique est bien désincarnée...sans compter que Poutine avait aussi des voies diplomatiques possibles, non ?»


@miwy 11.03.2022 | 06h31

«Merci pour ce rappel. Un éclairage fort intéressant qui, hélas, heurte de plein fouet nos idées bien arrêtées. Il fait bon de relire le discours du Président Eisenhower, mettant ses compatriotes en garde contre l'influence grandissante du complexe militaro-industriel aux Etats-Unis. Il fait bon aussi de de souvenir ds interventions nord américaines aux conséquences désastreuses, que ce soit en Amérique centrale, du sud, en Iran, dans le sud est asiatique ou au moyen-orient, sans même parler du massacre systématique des Indiens qui peuplaient le pays... Dans toute guerre il y a des perdants, en général la population civile. Dans toute guerre il y a des gagnants: en tout état de cause, les fabricants d'armes.
»


@willoft 11.03.2022 | 07h21

«On entend beaucoup le refrein suivant.
On les aide parce qu'ils sont européens...
Pas les russes?

On ne parle jamais d'une influence de la CIA,
Pourtant Zélansky a tout d'une production hollywoodienne!

Enfin, les cyberttaques viennent toutes de Russie, ce qui semble pour le moins curieux???»


@Philippe37 11.03.2022 | 18h45

«Merci. Il a fallu à certains 2 ans pour déjouer le narratif c-19, remplacé quasiment mot par mot par celui que l’on sait, déjoué en 2 jours grâce aussi à des articles comme le vôtre. C’est toute « l’histoire » mainstream qui est en train de basculer...»


@XG 12.03.2022 | 06h40

«Merci Monsieur Mettan pour cet éclairage différent qui remet les choses en place. Les medias occidentaux sont totalement biaisés, une fois de plus et tordent la réalité. Une guerre est toujours un échec, et tous les dirigeants impliqués en sont responsables, pas uniquement la Russie et Putin. Et comme toujours les civils en paient le prix, comme en Syrie, en Libye, en Iraq, au Yemen, en Afghanistan, des guerres déclenchées par les Américains et leurs sbires, qui n'ont générées que peu d'indignation et d'outrage auprès des opinions publiques de nos chers pays soi-disant démocratiques.»


@yvesmagat 13.03.2022 | 12h47

«Je fais partie des « meutes d’indignés » que tu couvres de ton mépris, Guy, puisque je suis chaque jour horrifié par les horreurs perpétrées en Ukraine et par le totalitarisme qui écrase la Russie dont une partie de ma famille est originaire.
Je suis effaré par ton salmigondis sur les tragiques événements actuels qui provoquent la mort de milliers d’Ukrainiens et de Russes. Ils ne méritent pas cela. Comment peut-on faire preuve d’autant de mauvaise foi ? Dans ton analyse historique tu mélanges l’Ukraine, la Serbie, la guerre du Vietnam, la Chine, l’Inde, les migrants... Tu répètes comme un perroquet les arguments de Poutine sur les prétendus « nazis ukrainiens » alors que pays est dirigé par un président juif et russophone.
J’étais en Crimée pour la RTS en 2014, le jour de l’invasion par les « petits hommes verts » de Moscou. A priori je continue de penser que la Crimée n’est pas plus ukrainienne que russe ou tatare. Mais ce n’est pas aux chars de Poutine, ni à la parodie de référendum organisé en deux semaines de décider de l’avenir de cette péninsule qui a vu le passage de plus de vingt-cinq peuples dans son histoire.
J’étais en Ossétie du Sud en 2008 lorsque le président géorgien Saakachvili a voulu récupérer ce territoire instrumentalisé par une indépendance orchestrée depuis Moscou. Il espérait naïvement un soutien militaire occidental. Les Ossètes détestent les Géorgiens pour des raisons que l’histoire et les grandes puissances leur ont imposées. Ils ont cru brièvement à leur salut par la Russie. Mais Poutine ne sait qu’employer la manière forte pour écraser ses ennemis et imposer ses volontés à ses alliés. Les Ossètes s’en sont rendus compte à leur dépens.
J’ai séjourné plus de vingt fois en Russie, depuis la période soviétique d’Andropov. J’ai des cousins à St Petersbourg dont les parents ont survécu au siège de Leningrad et à la répression stalinienne. Une rue d’Irkoutsk porte le nom de mon arrière grand-oncle. Je sais que les « siloviki », les milieux musclés du Kremlin, sont obsédés par l’expansionnisme de l’OTAN, auquel la Russie aurait d’ailleurs pu s’intégrer à la chute de l’URSS. Ces hommes vieux et paranoïaques qui encadrent Poutine sont les purs produits des services de sécurité soviétiques. Ils croient rejouer une version de la « Grande guerre patriotique » et pouvoir ainsi museler complètement la Russie. Rien ne justifie la guerre totale lancée contre l’Ukraine. La Russie est devenu un « état-paria ». Poutine a coupé définitivement les ponts avec l’Occident en prenant pour la réalité ses rêves de grande puissance eurasiatique. Et il menace le monde d’une guerre atomique, ce que même les dirigeants soviétiques n’avaient jamais osé faire en 45 ans de guerre froide. »


@hermes 13.03.2022 | 16h08

«On attendait avec intérêt de quelle façon G. Mettan allait justifier l’invasion de l’Ukraine par la Russie et on n’a pas été déçu par sa totale allégeance au maître du Kremlin.
L’aspiration des peuples à décider de leur avenir est une notion totalement absente de l’argumentation de Mettan. Point lui chaut que les peuples des ex-satellites de la défunte URSS aient choisi de se protéger de l’autocratie russe en adhérant à l’UE et à l’OTAN, lui estime que l’extension orientale de cette dernière est une déclaration de guerre à la Russie.
De même, il prétend que le facteur déclenchant de la guerre actuelle est une rupture de l’équilibre de la terreur qu’aurait provoquée l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN : pourquoi tait-il le fait que cette adhésion est impossible du fait du veto conjugué de la France et de l’Allemagne ?
Poutine est absolument conscient de ce qu’il fait et en assume l’entière responsabilité. Il n’est donc pas fou mais il est paranoïaque. Il n’a pas peur de l’OTAN mais il a peur du virage démocratique pris par l’Ukraine qui, par osmose, pourrait « contaminer » son peuple et le faire tomber de son piédestal. D’où le verrouillage immédiat des médias en Russie et le soin pris à vilipender le peuple ukrainien qui ne serait qu’un ramassis de nazis !
Discréditer et mentir pour se maintenir, tel est le slogan du Kremlin.
Dernier point sur les réfugiés : oui Monsieur Mettan, il y a une différence objective entre d’une part des réfugiés ukrainiens ou russes et d’autre part des réfugiés syriens, afghans ou maliens. Les premiers sont des Européens et nous sont donc proches géographiquement et culturellement alors que les seconds sont Asiatiques ou Africains et donc plus éloignés de notre culture européenne.
Poutine a déclenché une guerre qui ne se déroule pas comme prévu et qu’il ne sait plus comment arrêter. Espérons qu’il se mette à la table des négociations avant que d’autres s’en chargent à sa place.
»


@Eggi 13.03.2022 | 16h42

«Merci, Yves Magat, de rétablir les faits et de rappeler l'histoire face à la propagande poutinienne qui a réussi à atteindre jusqu'à un journaliste que j'avais jadis considéré comme un bon professionnel et qui se révèle ici adepte de la conspiration occidentale contre le reste du monde.
Plus inquiétant: sur les 6 commentaires, 3 semblent conforter les élucubrations "mettaniques"...»


@Tom Gonthier 14.03.2022 | 07h10

«Comme vous y allez sur ces néonazis ukrainiens ! Il va falloir en dire plus, il va falloir étayer, parce qu'autrement, cet article tombe au niveau conspiration de café bien arrosée. J'attends la suite.
»


@Maryvon 14.03.2022 | 11h21

«M. Mettan, je lis avec intérêt votre article et c'est très intéressant d'avoir une analyse détaillée de l'histoire mais la question actuelle est très simple : on fait quoi ?»


@Ricci 15.03.2022 | 08h47

«J'ai de gros doutes sur vos qualités journalistiques, mais aucun sur vos qualités pour faire la propagande pour poutine, navrant....»


@willoft 15.03.2022 | 15h15

«@maryvon
N'ayant pas la prétention de répondre à la place de M. Mettan à votre question "Que fait-on?"
Permettez-moi de formuler une partie de solution, comme suisse.

Abandon par la Suisse de sanctions économiques, à condition que la Russie revienne vraiment à la table des négociations.
On sait ce qui les inquiète et il faudra que l'Occident leur donne de solides garanties.

Le leurre de la peur d'une Ukraine démocratique contaminant une Russie autocratique me paraissant le même fantasme hollywoodien que Zelansky et sa bande.

Mais à voir la réaction europénne, toujours le laquai des US, les choses ne peuvent que s'envenimer, las!»


@Ralph 17.03.2022 | 10h07

«Rappel : en 1994, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie ont conclu un accord diplomatique qui engage les signataires à respecter l'indépendance de l'Ukraine en échange du retrait de l'arme atomique du son territoire. La suite, on la connait.»


@guy.mettan 17.03.2022 | 21h24

«Merci à celles et ceux qui ont pris la peine d’envoyer des commentaires, y compris critiques, sur mes propos. Je répète encore une fois que je suis opposé à cette intervention militaire comme j’ai été opposé à toutes les interventions militaires depuis la Guerre du Vietnam. Et je ne suis pas poutinien non plus. De même, les populations frappées par cette guerre ont toute ma compassion, au même titre que toutes les autres victimes de conflit, comme les Yéménites, dont personne ne parle mais qui subissent des bombardements meurtriers depuis six ans. Le fait qu’ils soient d’une autre culture ne devrait pas jouer de rôle : ce sont des êtres humains comme les autres, même s’ils ne sont pas blancs, chrétiens et ne « vivent pas comme nous ».
Je crois indispensable de comprendre pourquoi les choses arrivent et regrette que cet effort soit devenu impossible car nous préférons condamner sans savoir. Par exemple, sur le rôle et l’importance des mouvements d’extrême-droite en Ukraine, tout est expliqué dans l’article en anglais mentionné dans mon texte. On verra comment ils ont notamment menacé le président Zelenski lorsque celui-ci a voulu appliquer les accords de Minsk en 2019. Et chaque année, l’ambassade d’Israël à Kiev s’inquiète lorsqu’ils défilent dans les rues de Kiev le 1er janvier. Leur chef, Dmitry Yarosh, a même été nommé conseiller du chef de l’armée ukrainienne en novembre dernier. Bref, tout ce que j’ai écrit dans mon article repose sur des faits aisément vérifiables. On peut choisir de les ignorer parce qu’ils ne vont pas dans le sens de nos préjugés, mais cela ne me parait ni sain ni raisonnable.
Dernier point: l’accord de 1994 a été récusé par Zelenski lui-même lorsqu’il a annoncé le 12 février dernier à la conférence de Munich qu’il voulait doter l’Ukraine de missiles nucléaires, ce qu’aucun média européen n’a daigné rapporter…»


@sursaut 19.03.2022 | 18h08

«merci de ce commentaire expert, avec le recul et la stabilité qu’il faut pour continuer à réfléchir au milieu de la tempête de l’opinion.»


@sursaut 19.03.2022 | 18h08

«merci de ce commentaire expert, avec le recul et la stabilité qu’il faut pour continuer à réfléchir au milieu de la tempête de l’opinion.»


@Ancetre 01.04.2022 | 13h18

« "Montesquieu a dit deux choses importantes. La première est qu’en matière de guerre il ne faut pas confondre les causes apparentes avec les causes profondes, et la seconde qu’il ne faut pas confondre ceux qui l’ont déclenchée avec ceux qui l’ont rendue inévitable."
Comme dans tout conflit, personne n'est tout noir ni tout blanc, c'est une évidence. Donc cette pensée profonde est facile à citer, plus difficile à documenter. Et si les rappels de votre commentaires sont salutaires et démontrent que toutes les grandes puissances ont des tendances hégémoniques, il me parait assez obscène d'essayer de faire porter la responsabilité à 100% aux USA et à l'Ukraine. Prendre en otage une population civile en temps de paix me paraît tout simplement inacceptable. Rien n'excuse le martyr de Marioupol. Rien n'excuse de bombarder des bâtiments occupés par la Croix Rouge, et signalés comme tels, des hôpitaux ou encore des maternités. Dommage que vous vous soyiez laissé aller à supporter à 100% les atrocités russes. Une analyse plus balancée, illustrant vos propos de façon plus objective aurait été plus digne d'un journaliste professionnel comme vous.»


@stef 12.10.2022 | 23h00

«Excellente analyse !
Je suis vraiment navré que nos médias, en particulier la RTS, ne donne vie qu'à un seul son de cloche, celui de la propagande de Washington.
Comme vous le dites, le but ultime des USA est de conquérir la Russie, à n'importe quel moyen, et ici, c'est le peuple ukrainien qui en fait le frais.

7 mois après la rédaction de cet article, les faite vous donnent de plus en plus raison !»


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