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Lu ailleurs

Lu ailleurs / «Quand les Suisses arrivaient je m’enfuyais comme un beau diable!»


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La «NZZ» publie un reportage de Samuel Misteli sur la Tanzanie, soutenue depuis six décennies par l’aide au développement suisse. Avec quel bilan? La directrice de la DDC, Patricia Danzi, vient de s’y rendre et se pose beaucoup de questions. Le journaliste ne s’est pas contenté de la suivre. Il s’est transporté dans une petite ville, Ifakara, perdue à des heures de route de la capitale Dar-es-Salam.



Des Suisses pleins de bonne volonté y ont débarqué très tôt, dès l’indépendance accordée par la Grande-Bretagne en 1961 à cette petite république d’Afrique de l’est. Les vieux racontent. «Autrefois on pensait que tous les Blancs étaient suisses», «ce sont les Suisses qui ont apporté le développement». Ou «quand les Suisses arrivaient je m’enfuyais comme un beau diable». Pourquoi? Parce que les médecins pratiquaient des prises de sang pour lutter contre la malaria et d’autres maladies infectieuses qui faisaient des ravages.

Les quelque 900 millions apportés par la Suisse en soixante ans ont sans doute porté leurs fruits. Des routes, des ponts, des réseaux d’eau, un hôpital qui emploie 250 personnes, la liste des bienfaits est longue. Mais l’Etat tarde à prendre le relais, longtemps dominé par un dictateur excentrique, décédé récemment. Patricia Danzi fait le point, avant de signer un nouvel engagement de quatre ans. Logée à l’hôtel Edelwyss, sur les hauteurs de Morogoro, tenu par un couple helvetico-tanzanien. Elle y rencontre des jeunes gens qui lui parlent de startups, lui expliquent comment ils entendent sortir leur pays de la misère. Le problème, c’est que les infrastructures vieillissent, dépassées par la croissance de la population, les conduites d’eau rouillent, les routes se détériorent, l’hôpital a besoin de nouveaux équipements…

Les Suisses ne sont plus seuls, Israéliens, Italiens sont aussi à la tâche. L’aide change de forme. Sabine Renggli, épidémiologiste de 36 ans qui parle fort bien le swahili, développe une application qui permet de mieux doser les médicaments. Mais au fond des campagnes, l’électricité manque souvent pour recharger les tablettes didactiques…

Qui va payer à la longue tous ces efforts, tout l’entretien nécessaire? Devant son petit-déjeuner, Patricia Danzi confie au journaliste: «L’aide au développement du dernier millénaire, bien que pensée pour le bien, a créé certaines dépendances. Idéalement un pays ne devrait pas rester accroché à cette aide pendant plus de soixante ans.» En attendant une réponse à cette interrogation, la directrice de la DDC doit décider s’il faut envoyer de nouveaux équipements à l’hôpital. Sans savoir qui les réparera demain.


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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@pozzy 31.12.2021 | 11h14

«Euh, "petite république" ? En superficie, la Tanzanie fait vingt-deux fois la Suisse. et en population sept fois. :-) Mais le sujet n'en est pas moins intéressant. Tr¨s bonne année !»


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