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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Quand la douleur des femmes est sous-estimée


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Il est une tradition qui perdure: dans le système occidental des soins de santé on continue à minimiser la douleur des femmes et par conséquent à ne pas soigner efficacement. La raison? Les femmes sont considérées comme irrationnelles et donc moins crédibles. Un dangereux préjugé difficile à déraciner, comme l'explique le magazine de philosophie britannique «Aeon».



Il circule sur le net depuis un certain temps un hashtag qui est le préféré du mouvement #Meetoo: #BelieveWomen (Croire les femmes). Une simple phrase, un cri de lutte qui exige que les plaintes des femmes ne soient pas systématiquement considérées comme des menteuses. Selon Elizabeth Barnes, autrice de l'essai publié dans le magazine Aeon, le manque de crédibilité accordé à la conception que les femmes ont de leur vie constitue un problème féministe très important. Mais bien que cette intervention des mouvements féminins puisse être justifiée, elle pourrait encore une fois nuire aux femmes. Car même s'il est juste et nécessaire de demander la reconnaissance de la douleur des femmes, cet appel risque de renforcer involontairement un préjugé social profondément ancré sur la relation hiérarchique entre la douleur physique et psychologique.  
Ce qui est certain, c'est que la douleur est le système d’alarme de notre corps, mais la médecine occidentale moderne traite la douleur des hommes et des femmes d'une manière très différente. Et il est plus probable que la souffrance d'une femme soit minimisée et qu'elle ne soit pas traitée correctement. Surtout, selon l’autrice, lorsqu'il s'agit de femmes de couleur, dont la douleur est moins considérée que celle des femmes blanches.

Lorsque les femmes sont physiquement malades, elles ne sont souvent pas prises au sérieux. Dans son analyse, Elizabeth Barnes cite quelques exemples: la douleur dans la poitrine d'une femme. Dans ce cas, les médecins regardent moins profondément que dans le cas d'une douleur thoracique d'un homme, même lorsqu'il s'agit des symptômes classiques d'une crise cardiaque et même si les maladies du cœur sont l'une des principales causes de décès chez les femmes. En outre, il est beaucoup plus probable que les troubles physiques des femmes soient considérés comme de nature psychique, ce qui entraîne souvent une chute ou un retour dans la dépression.
Et nous en arrivons ici à une raison simple: lorsque les femmes parlent de leur vie et de leurs expériences, elles ne sont pas écoutées attentivement. Selon la théorie de la philosophe Miranda Fricker de la City University de New York, les femmes sont considérées comme des sources d'information moins fiables, consolidant le stéréotype selon lequel les femmes sont irrationnelles.
Et encore un autre exemple: si une femme souffre pendant les rapports sexuels sans causes physiques raisonnables, elle recevra généralement un diagnostic de maladie mentale. 

Les femmes ne sont pas écoutées

Les anecdotes et les recherches scientifiques révèlent une tendance inquiétante: il existe une longue tradition de rejet de la douleur des femmes dans le système de soins de santé. En 1949, le Journal of Clinical Investigation a publié une étude sur la douleur à l'accouchement. La question à laquelle l'article essayait de répondre était de savoir si les femmes ressentent vraiment la douleur pendant l'accouchement ou s'il s'agit simplement d'une réaction hystérique à une situation stressante. Les auteurs de l'article ont conclu, après avoir utilisé des paramètres de douleur calibrés sur les hommes, que l'accouchement est en fait douloureux.
La douleur pendant l'accouchement a également fait l'objet de débats dans les années 1970. Selon certains chercheurs, l'intensité de la douleur dépend principalement de facteurs tels que la relation de la femme avec son mari, sa participation à l'accouchement et la stabilité émotionnelle de la femme pendant la grossesse. Ils ont assuré aux femmes que, si elles restaient calmes, il n'y aurait presque pas de douleur, et que l'accouchement serait une expérience agréable. 
Et bien que des décennies se soient écoulées, la tendance à attribuer la douleur aux émotions est encore très courante.
Le fait est que lorsque les femmes sont atteintes d'une maladie physique, il est plus probable que l’on accorde davantage d'importance à l'aspect psychologique de leur situation. Certaines études scientifiques tentent d'aller dans ce sens.
Mais même si l'on accordait plus d'importance au facteur psychologique dans la douleur féminine, il est faux de croire qu'elles sont émotionnellement fragiles par nature.


L’article original en anglais.

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