Lu ailleurs / Le marché en ligne des esclaves domestiques
Une enquête menée par BBC News Arabic a révélé une nouvelle forme d'esclavage moderne: la vente de femmes et d'enfants comme domestiques par le biais d'applications qui peuvent être consultées depuis un téléphone portable.
Au Koweït, il est plus facile de trouver des images de femmes sur les applications mobile que de les voir marcher dans la rue. Classées par origine et disponibles à la vente pour quelques milliers de dollars, organisées comme une véritable foire aux esclaves, où l'on trouve également des enfants.
L'affaire a émergé à la suite d'une enquête menée par BBC News Arabic, qui a découvert un énorme marché hébergé par Apple, Facebook et Google. Pour avoir plus de visibilité, l'application 4Sale avait aussi mis en place un hashtag, #maidsfortransfer.
57 contacts obtenus par les enquêteurs, sous couverture, se faisant passer pour un couple à la recherche d'un employé de maison, leur ont proposé d'acheter des femmes. Presque tous leur ont recommandé de confisquer le passeport de la travailleuse domestique, de la garder enfermée à la maison, de lui refuser toute permission et de limiter son accès au téléphone.
Dans l'un des cas les plus troublants, l'équipe de la BBC s'est vue offrir une jeune fille de 16 ans, qu’ils ont appelée Fatou. La jeune fille avait été victime de la traite de la Guinée vers l'Afrique de l'Ouest et avait travaillé comme domestique au Koweït pendant 6 mois alors que la loi ne l'autorise qu'à partir de l'âge de 21 ans. Son employeuse racontait qu'elle n'avait pas donné de congé à Fatou, que son passeport et son téléphone avaient été confisqués et qu'elle n'avait pas le droit de quitter la maison sans être accompagnée.
Depuis 2015, le Koweït a adopté une loi pour protéger ce secteur, le classant parmi les pays les plus stricts du Golfe en matière de droits des travailleurs domestiques. Une mesure très impopulaire: 9 ménages sur 10 au Koweït ont un ou une employé(e) de maison. Ces travailleurs viennent des régions les plus pauvres du monde.
Une autre recherche a découvert 400 femmes à vendre en Arabie Saoudite via Haraj, une autre application populaire de vente de produits.
Le gouvernement koweïtien se dit «en guerre contre ce genre de comportement» et insiste sur le fait que les applications seraient «très contrôlées.» Après que l'équipe de la BBC a contacté les sociétés de technologie mises en cause dans son enquête, 4Sale a supprimé la section des travailleurs domestiques et Facebook a interdit le hashtag #maidsfortransfer. Haraj, la plateforme saoudienne, n'a pas fait de commentaires.
On peut cependant affirmer que, depuis et malgré la publication de l'enquête, aucune action en justice importante n'a été intentée contre la femme qui a tenté de vendre Fatou.
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