Média indocile – nouvelle formule

Lu ailleurs

Lu ailleurs / La tragédie et l’indifférence


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La Grèce a décrété trois jours de deuil après le naufrage d’un bateau surchargé de réfugiés (au moins 400) au large du Péloponnèse, en provenance de Libye. Bilan: au moins 79 morts. Il était en route vers l’Italie. Plusieurs médias s’étonnent ou s’indignent de l’écho limité qu’a eu la tragédie sur les canaux européens. Il est vrai que ceux-ci ont bien davantage parlé du sauvetage des enfants rescapés d’un accident d’avion en Colombie.



Le site In.gr, très regardé en Grèce, écrit: «La Méditerranée s'est transformée en cimetière. Des personnes mues par la pauvreté, la violence et la guerre, se mettent en quête d'un avenir meilleur en Europe. Elles ne peuvent s'y rendre légalement, car depuis des années, la politique migratoire de l'UE est dictée par l'extrême droite. L'Europe jure 'ne pas avoir de place', occultant au passage que tous les Etats européens sont le fruit de mouvements de population. Dès lors, les personnes qui veulent émigrer en Europe se tournent vers les passeurs. (...) Il est facile de dire que les passeurs sont à l'origine de cette tragédie. (...) Ils sont coupables, certes, mais ils ne sont pas les seuls. (...) S'ils existent, c'est parce que l'Europe ne veut pas accueillir de migrants.»

Le quotidien de gauche d’Athènes Avgi renchérit: «Dans l'Europe contemporaine, un drame d'une telle ampleur n'est même plus l'occasion de tirer la sonnette d'alarme ou de débattre d'une nouvelle approche politique dans le traitement de la question des réfugiés et des migrants. Ce n'était déjà pas le cas lorsque l'on avait des gouvernements démocratiques; alors comment cela serait-il possible aujourd'hui, alors que la balance penche nettement en faveur des Meloni, Orbán, Le Pen, Vox et autre AfD? ... La seule solution envisageable est européenne et repose sur les principes de la solidarité, d'une juste répartition des réfugiés et du respect du droit international et des droits des demandeurs d'asile – toute autre alternative ne saurait être viable.»

Précisons qu’il y a une semaine, les ministres européens de l'Intérieur ont trouvé un accord sur les deux principaux volets d'une réforme du système d'asile, au terme d'une journée de difficiles négociations, auxquelles la Suisse a participé.

«Pour être honnête, je ne pensais vraiment pas être assise ici en train de dire cela, mais nous y sommes. Je suis très heureuse et très fière d'annoncer que les ministres ont adopté aujourd'hui l'approche générale sur le règlement relatif à l'asile et à la gestion des migrations et sur le règlement relatif à la procédure d'asile», a déclaré Maria Malma Stenergard, ministre suédoise des Migrations. Pour être honnête aussi, elle aurait dû indiquer que la décision sur la «solidarité entre Etats» a été prise à la majorité et que plusieurs pays, dont la Pologne et la Hongrie, la refusent et disent ne pas vouloir l’appliquer.

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