Média indocile – nouvelle formule

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God save America! La formule ne surprend pas. L’Amérique est religieuse ou n’est pas. Pourtant, depuis les coups de feu qui ont manqué de peu la tête de Trump le 13 juillet dernier à Butler, Pennsylvanie, la campagne présidentielle a pris un tournant décidément plus religieux que d’habitude. Vrai miracle ou sacré coup de chance?



Que l’on désigne l’événement par un terme religieux ou non, il faut reconnaître que ce qui s’est passé est tout bonnement exceptionnel. Et ce, à tous les niveaux. Qu’un déséquilibré muni d’une arme de guerre se trouve à un peu plus de 100 mètres de l’ancien président des Etats-Unis, sur un toit, c’est déjà exceptionnel, pour ne pas dire très étrange. Mais que l’une des balles arrache un morceau de son oreille, évitant à quelques centimètres près de trouer un homme en plein front, c’est encore plus exceptionnel, qu’il s’agisse d’un président ou non.

Donald Trump a donc de quoi y aller avec la grandiloquence, en toute légitimité. Renvoyons dos-à-dos et ses partisans les plus fanatiques qui sont persuadés qu’un ange ou je ne sais qui a détourné le projectile de la tête de saint Donald, candidat du Christ, et ses détracteurs cyniques qui d’une part minimisent la tentative d’assassinat et d’autre part accusent quasiment Trump d’avoir subi l’attaque pour ensuite pouvoir s’ériger en miraculé, comme si tout cela n’était qu’une opération de communication.

C'est un miracle!

En restant humain et raisonnable, il faut laisser Trump et ses partisans se réjouir dudit miracle, sans suspicion mal placée. «Je ne devrais pas être là, disait-il à la convention de la droite deux jours plus tard, je devrais être mort.» On ne peut pas lui donner tort. On ne peut pas nier non plus le courage et la force du septuagénaire, au cœur du drame, choqué, qui se relève visage en sang et poing levé, criant «fight, fight, fight!» Je mets au défi n'importe quel détracteur de trouver le même courage en telle situation. Que l’on éprouve ou non de la sympathie pour ce personnage excessif et grossier, il fut à ce moment-là vraiment admirable. Il lève son poing en héros. L’image restera dans l’histoire.

Faut-il pour autant abonder dans le sens des républicains qui élèvent Trump en treizième apôtre du Christ? Absolument pas. Il faut nommer les choses: c’est du fanatisme, et religieux et politique. Or le fanatisme n’est jamais équilibré et encore moins raisonnable. Le fanatisme, en outre, est la porte ouverte aux abus et aux plus grandes aberrations.

De quoi seraient capables les électeurs qui portent une casquette sur laquelle il est écrit «Jésus est mon sauveur, Trump mon président»? S’ils considèrent que Trump est le candidat de Dieu, seraient-ils prêts à tout, même à une violence de croisés, pour ramener leur candidat à la Maison Blanche? Un tel fanatisme séquestre la religion de façon malhonnête et illégitime, car ne serait chrétien que le conservateur qui soutiendrait Trump. Et que font ces gens du «rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu»? Séquestration de la politique aussi dans la mesure où Trump n’est plus un candidat soumis au suffrage d’un peuple, mais un élu de Dieu. Si lui est l’élu de Dieu, qu’en est-il du candidat démocrate? serait-il alors le choix du diable? Dans un tel contexte, les risques de violence ne peuvent qu’augmenter.

Nouveau Trump?

Il semblerait néanmoins que la tentative d’assassinat ait pour l’heure calmé le jeu, du moins entre Biden et Trump. Biden a appelé Trump, que ce dernier a jugé très sympathique. Le Donald agressif et menaçant se serait-il transformé en Donald porteur de paix et d’unité? C’est probable. Certains dénoncent toutefois une posture. Ils n’ont sans doute pas tout faux: possible que le candidat encore sous le choc en joue un peu. Du twitteur impulsif, il donne plutôt l’image du bon père de la nation, opposé à toute violence. C’est à son avantage; il le sait.

Il ne faut pas omettre que toute personne qui vit un traumatisme, et on ne peut nier que Trump en ait bien vécu un samedi dernier, en ressort différente. Est-ce qu’avoir frôlé la mort a permis à Donald Trump de poser un regard nouveau sur la vie et sa valeur? Cela l’a-t-il simplement assagi? Veut-il laisser de côté les excès en tout genre, pour se consacrer à l’essentiel de sa mission pour l’Amérique? Ce «miracle» a-t-il été l’occasion d’une conversion sincère? Seul Dieu le sait, ou du moins le principal concerné. Je voudrais croire volontiers en une transformation du personnage.

Il n’en devient pas pour autant un apôtre, à savoir un «envoyé». S’il s’est vraiment assagi, qu’il calme les ardeurs d’une partie de ses fanatiques d’électeurs. Mais malgré l’optimisme, cela paraît compliqué, car sans les évangéliques, pas de Trump à la Maison Blanche. Si enfin sa conversion est sincère, qu’il se contente d’œuvrer pour la paix, cela changera aux USA. Et le monde en a besoin. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 04.08.2024 | 14h01

«Qu'il soit élu et stoppe la guerre en Ukraine et en Palestine, ce serait déjà un bon début !»