A vif / FILMAR, l'Amérique latine sur grand écran
Malgré les barrières économiques et sociales, le talent et la vitalité du cinéma latino-américain sont de plus en plus affirmés. Genève, depuis 1999, propose des films de différents pays d'Amérique du Sud, notamment lors d'un des festivals helvétiques les plus importants: FILMAR, où sont projetés actuellement plus de 80 films qui résonnent avec l'actualité.
Dès le premier jour du festival, je me suis convaincue que les films d’auteur ne sont pas faits pour être vus sur un téléphone portable. Qu'il faut sortir, s'asseoir dans une salle, se laisser aspirer par le grand écran, ne pas se gêner d'éclater de rire ou de fondre en larmes. Permettre à la musique et au son des voix de faire vibrer nos veines et que nos yeux se dilatent comme quand on regarde par le trou d'une serrure. Et vous aimeriez en voir plus. Au FILMAR, à la soirée d’ouverture, plus de 460 personnes pensaient comme moi. «Depuis 21 ans, nous avons une grande famille qui attend cet événement chaque année et ils sont aujourd’hui entre 17 et 20 000 spectateurs à suivre nos projections», explique la directrice Vania Aillon.
Le documentaire qui m'amène à repenser mes habitudes est l'œuvre la plus récente du cinéaste chilien Patricio Guzmán, La Cordillère des songes, présenté et récompensé en mai dernier au Festival de Cannes. Ce film clôt la trilogie qui a débuté en 2010 avec Nostalgia de la luz et s'est poursuivie en 2015 avec El botón de Nácar. Un cinéma engagé qui nous emmène tout au long du territoire chilien et établit une relation entre sa géographie et son histoire: «Si les pierres de la montagne pouvaient parler, elles parleraient de tout le sang versé sur les pavés», dit Guzman dans son documentaire.
Alors que la soirée d'ouverture s'est tenue à Genève vendredi soir, au même moment, Chili il a été décidé d'enterrer la Constitution rédigée sous la dictature d'Augusto Pinochet. Un accord historique.
«Le système de Pinochet se perpétue, sauf qu'il n'y a pas de morts ou de disparus», dit l’un des protagonistes du documentaire de Guzman.
Le film peut être revu vendredi 29 novembre au Théâtre du Bordeau.
Salle comble pour l'ouverture du festival FILMAR à Genève. © Doménica Canchano Warthon
Films en langue originale
La particularité de ce festival, qui dure jusqu'au 1er décembre, est qu'il est «un espace pour un cinéma d'auteur, en dehors des normes hollywodiennes, et souvent les films ne seront pas vus ailleurs qu'ici», dit Vania Aillon. Plus de 80 films seront projetés, dont 16 en compétition, ainsi que des œuvres en langues autochtones qui traitent des peuples des Amériques. Trois tables rondes seront également organisées, permettant au public de débattre avec 25 invités d'Amérique latine et de Suisse.
Les invités d'honneur de ce festival sont: Jayro Bustamante (Guatemala), Julio Hernández Cordón (Mexique-Guatemala - Etats-Unis) et Alejandro Moguillansky (Argentine). Ainsi que l'activiste Mônica Benício, veuve de la célèbre militante politique brésilienne Marielle Franco.
Le programme?
Le festival se décline en 8 catégories, pour un public de plus en plus exigeant. Voici, à mon avis, les films que vous ne pouvez pas manquer:
Opera Prima
Juan Cáceres - Perro Bomba (Chili)
Focus Sud
Maya Da-Rin – A Febre (Brésil)
Invités Spéciaux
J'ai choisi un film pour chacun d'eux.
Julio Hernández Cordón - Comprame un revolver (Mexique)
Jayro Bustamante - La Llorona (Guatemala)
Alejo Moguillansky - Por el dinero (Argentine)
Filmar en idioma
Oscar Catacora – Wiñaypacha (Pérou)
Au Front
Marlén Viñayo – Cachada (El Salvador)
Historias Queer
Aude Chevalier-Beaumel et Marcel Barbosa – Indianara (Brésil)
Regards Actuel
Juan Vera – El amor menos pensado (Argentine)
Filmarcito: les courts-métrages viennent d'Argentine, de Bolivie, du Chili, de Colombie, du Pérou et du Mexique et sont tous à voir en familia.
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