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Lu ailleurs

Lu ailleurs / JD.com, bientôt le premier cyber-vendeur de Chine?


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Liu Quiangdong, fondateur du site d'e-commerce JD.com était interviewé par «La Revue» en janvier dernier. Son parcours, le chiffre d'affaire du secteur de vente en ligne et l'ampleur des e-commerces chinois méritent le détour.



Les sociétés d'e-commerce ne cessent de fleurir en Chine. C'est d'ailleurs ce pays qui, il y a trois ans, est devenu le premier marché mondial pour les achats en ligne. Largement devant les Etats-Unis, le chiffre d'affaires de ce secteur atteignait, en 2016, 750 milliards de dollars et devrait encore doubler d'ici à 2020.

De l'avantage d'acheter en ligne

Le succès du shopping online est dû en grande partie au fait que faire ses achats offline est un vrai parcours du combattant: être coincé dans un transport ou dans les embouteillages, négocier longuement avec des vendeurs qui n'exposent pas les prix des articles et rentrer chez soi avec une camelote de contrefaçon. Et puis, en 2003, avec la panique du au Syndrome respiratoire aiguë sévère (Sras) et les 775 victimes, rares ont été ceux qui osaient encore sortir de chez eux pour faire leurs commissions.

En matière d'e-commerce chinois, on a plus souvent entendu parler d'Alibaba, cette plateforme qui met en contact vendeurs et clients, que de l'entreprise JD.com qui, à l'instar d'Amazon, stocke les produits qu'elle vend dans des énormes entrepôts et centralise ainsi le tout.

Pourtant, JD.com compte à ce jour plus de 120'000 salariés et son fondateur, Liu Qiangdong, maintient que l'entreprise aura, dans cinq ans, dépassé tous ses concurrents. Son parcours nous laisse penser qu'il pourrait bien avoir raison.

Cerner le marché

Loin de descendre d'une lignée d'entrepreneurs chevronnés, Liu Qiangdong a grandi au sein d'une famille de paysans à 700 km au sud de Pékin, assez démunie pour ne pas savoir lui payer un billet de train pour la capitale, en 1992, lorsque Liu est accepté à l'université du Peuple de Pékin.

Il y suit des cours de sociologie et se forme, simultanément, à la programmation informatique, formation dont il tire rapidement bénéfice puisqu'en 1992 l'économie de marché et le capitalisme sont tels que tout le monde se met à engager des ingénieurs en informatique, encore peu nombreux, à cette époque, sur le marché de l'emploi. 

Il ouvre d'abord un restaurant qui fait rapidement faillite: le jeune homme n'a pas les compétences managériales requises! Il se tourne ensuite vers un marché spécialisé et ouvre un magasin d'informatique, le seul à Pékin à afficher les prix, à donner des reçus et garanti sans contrefaçon. De quoi se faire une bonne réputation et finir à la tête de douze magasins à Pékin. Jusqu'à la pandémie de Sras. 

Une fois la vague de panique passée, Liu Qiangdong constate que la vente par internet est le cheval sur lequel il faut miser. Il programme alors lui-même la première version de son site JD.com et, de jour comme de nuit, en assure seul la maintenance et le service clientèle. 

La réussite de Liu Qiangdong semble être due, certes, à son talent d'ingénieur informaticien, mais également à la capacité de cet entrepreneur de tenir compte des désidératas des clients: que ce soit dans ses boutiques où il affichait les prix et refusait de vendre des contrefaçons ou sur son site où il s'occupait du service clients, Liu Qiangdong a su cerner ce que les consommateurs attendaient d'une entreprise comme la sienne et s'y adapter. C'est à ce titre qu'il est légitime de croire que JD.com pourrait être, dans cinq ans, le premier cyber-vendeur de Chine, devant Alibaba. 


Interview en français dans La Revue, n° 75, janvier-février 2018: «Un déjeuner avec Liu Qiangdong», par Jamil Anderlini.
Une autre interview en anglais dans le Financial Times: Liu Qiangdong, the ‘Jeff Bezos of China’, on making billions with JD.com, par Jamil Anderlini.

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