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Actuel / «A l’époque, l’humour c’était pour les ploucs»

Diana-Alice Ramsauer

8 décembre 2017

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Grégoire Furrer, co-directeur du Montreux Comedy et ancien conseiller communal PLR à Montreux se définit lui-même comme un spécialiste mondial de l’humour, un entrepreneur, un industriel culturel, capable de vous dire en un clin d’œil qui sont les meilleurs comiques un peu partout dans le monde et en Suisse. Un homme visionnaire qui a à cœur d’écouter ce que la jeune génération a à dire: même si certains outils numériques le dépassent, tout comme certains avis politiques de la section jeune de son parti.



Êtes-vous le même aujourd’hui qu’il y à 25 ans?

Oui, j’ai toujours été la même personne. Tout ce donc je rêvais à l’époque se réalise aujourd’hui. C’est vrai que le Montreux Comedy de l’époque était encore très différent de ce que j’avais en tête. Mais ma vision à long terme n’a jamais changé. La seule différence, c’est que j’ai grandi. J’ai acquis de l’expérience, j’ai appris des autres et j’ai appris de moi-même surtout. J’ai appris de mes erreurs. Je suis donc aujourd’hui bien meilleur que ce que j’étais quand j’avais 20 ans.


Quelle place avait l’humour dans les années 90?

A l’époque l’humour était considéré comme inintéressant par rapport à la vraie culture qui était la culture classique. C’était un peu pour les ploucs. En réalité, aujourd’hui, je crois que l’humour est un art hyper moderne, parce que c’est un art qui touche tout le monde. Chacun à sa manière. Le monde change très vite. Il s’universalise et c’est aussi cela qui est passionnant.


Même si l’humour est un art moderne, est-ce qu’il y a un moment où il se périme?

Oui, je pense que l’humour vieillit mal. En tous cas une partie. Le vieil humoriste ou le vieux clown ne fait pas rêver, au contraire du vieux chanteur, qui a une sorte d’aura. L’humour, c’est une promesse, une énergie. Parfois, les gens se surprennent à rire sur des blagues ou des sujets qu’ils ne s’attendaient pas du tout. Parce que l’énergie de l’humour a cela de fort qu’elle va chercher le rire au fond du ventre. Et cela passe aussi par la jeunesse, la nouveauté, la fraicheur. C’est pour cela que nous offrons une place importante aux jeunes sur scènes. Certains, d’ailleurs, ont parfois l’impression de jouer leur vie. Ils ont cette énergie-là qu’il faut et ne sont pas blasés par le monde comme certaines personnes d’un certain âge.


Le public lui aussi est très jeune. Est-ce que cela veut dire que les humoristes «jeunes ne parlent qu’aux jeunes»?

C’est vrai que le public de Montreux s’est renouvelé. C’était d’ailleurs une volonté de notre part: trouver en même temps un nouveau public et des nouveaux talents. Le public est évidemment lié à l’offre: si vous avez toujours les mêmes personnes sur scène, il ne faut pas s’étonner que le public vieillisse. Malgré tout, il y a un public historique à Montreux. Et celui-là a apprécié la nouvelle génération.

Pour la soirée Web notamment, c’est vrai qu’il a fallu faire attention de ne pas faire un «gala de Geeks pour les potes». En l’occurrence, ça n’a pas été le cas et le public de Montreux qui vient depuis plusieurs années ne s’est pas senti exclu.


En parlant de Web et de Geek, avez-vous Snapchat?

Non, personnellement je n’ai pas Snapchat: je suis sur Instagram et Twitter qui est déjà considéré comme un vieux réseau social. Je suis entouré de «Snappeurs», comme mes enfants et ma compagne qui dirige le festival, mais c’est vrai que ce n’est pas un réseau social que je comprends. Je ne suis pas à l’aise avec. C’est certainement la preuve que je n’ai plus 20 ans. Mais on peut ne pas être sur Snapchat et être quand même curieux et jeune dans sa tête. Je trouve que l’une des plus belles choses, c’est d’écouter les jeunes, les soutenir et apprendre d’eux.


Vous dites qu’il faut faire confiance aux jeunes. Les jeunes du parti libéral radical (parti dont vous êtes membres) sont contre Billag? Sachant que le Montreux Comedy est en partie dépendant de la RTS, faut-il là aussi les écouter?

Le Montreux Comedy ne disparaitra pas si l’initiative No Billag passe. Il aura une autre forme, mais il existera toujours. Par contre, c’est sûr que sans la RTS, ce sera très difficile pour les humoristes de se faire connaître. C’est une question d’écosystème: la majorité des humoristes romands sont dépendants de leur passage sur les différentes radios de la RTS ou leur création numérique (comme Carac Attack par exemple).


Revenons aux jeunes PLR, si vous le voulez bien…

Je pense que les jeunes du parti n’ont pas compris les enjeux. Cette initiative c’est une bêtise: la jeunesse a des idées, d’accord. Que ce soit des bonnes ou des mauvaises d’ailleurs. En l’occurrence, c’est une mauvaise. Ils se trompent de combat. Ils disent qu’ils n’ont pas besoin de payer une redevance pour avoir des contenus, car ils peuvent les avoir sur Youtube gratuitement. Alors c’est vrai, mais la plupart des vidéos ont été produites et payées par d’autres. Ils veulent payer 10 francs par mois pour Netflix: mais il ne faut pas rêver, Netflix ne mettra jamais un centime pour un spectacle d’humoristes romands.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 16.12.2017 | 23h20

«Tout-à-fait d’accord avec vous, M. Furrer, au sujet de la votation NoBillag»