Lu ailleurs / La stratégie de Netanyahu accélère le déclin démocratique d'Israël
Le quotidien israélien «Haaretz» explique comment l’ancien Premier ministre Naftali Bennett met en garde les forces de sécurité et les fonctionnaires contre une possible manipulation du calendrier électoral et la mainmise de Netanyahu sur l’appareil sécuritaire.
Les soutiens d’Israël aiment à le répéter comme un mantra: ce pays est «la seule démocratie» de la région. Une démocratie qui pratique l’apartheid, la colonisation, l’épuration ethnique, viole plusieurs résolutions de l’ONU ainsi que les droits humains, mais une démocratie quand même. Même lorsqu’elle commet un génocide. Celles et ceux qui remettent en question cette «qualité» israélienne sont traités d’antisémites, c’est pratique, ça évite d’avoir à réfléchir, d’avoir à débattre.
Or, aujourd’hui, nos confrères du quotidien israélien Haaretz expliquent que cette fameuse démocratie israélienne pourrait être mise à mal. C’est Naftali Bennett, ancien Premier ministre et candidat aux prochaines législatives qui tire la sonnette d’alarme. Il a publié un appel solennel aux forces de sécurité et aux fonctionnaires, leur demandant de résister à toute pression politique visant à retarder ou à perturber les élections prévues au plus tard en octobre 2026. Sans citer Benjamin Netanyahu, son message vise clairement l’actuel chef du gouvernement, soupçonné de chercher à invoquer l’état d’urgence sécuritaire pour prolonger son mandat. «Vous êtes responsables de vos actes. N’ayez pas peur, a déclaré Bennett, affirmant que le gouvernement sera bientôt remplacé».
Netanyahu cherche à fragiliser les institutions démocratiques
Cet avertissement met en lumière une inquiétude croissante dans l’opinion et chez les opposants: Netanyahu utiliserait la guerre à Gaza ou les tensions avec l’Iran non seulement pour renforcer sa stature politique, mais aussi pour fragiliser les institutions démocratiques. L’échec de la tentative d’assassinat de négociateurs du Hamas au Qatar illustre, selon les critiques, cette tendance à privilégier des choix risqués, dictés par des considérations politiques plus que stratégiques.
Parallèlement, la bataille autour de la nomination de David Zini à la tête du Shin Bet révèle une autre menace, selon Haaretz. Ancien général au parcours militaire respecté mais marqué par des positions idéologiques radicales et une proximité avec des cercles religieux extrémistes, il est soutenu par Netanyahu malgré l’opposition d’anciens responsables du renseignement. Ces derniers craignent que le Premier ministre ne cherche pas à renforcer la lutte antiterroriste, mais à disposer d’un dirigeant loyal prêt à transformer le Shin Bet en instrument partisan.
Signal d’alarme
L’enjeu dépasse la carrière d’un homme: le chef du Shin Bet dispose de pouvoirs considérables, allant de la surveillance des politiciens et militants aux écoutes téléphoniques et arrestations, expliquent nos confrères. Ronen Bar, ancien patron du service, a témoigné que Netanyahu avait déjà tenté d’utiliser l’appareil sécuritaire contre ses adversaires politiques et les mouvements de protestation. La nomination de Zini, vue comme un «signal d’alarme pour la démocratie israélienne», alimente la crainte d’un glissement vers un régime où la sécurité nationale servirait de paravent à la répression politique.
Dans ce contexte, la déclaration de Bennett prend tout son sens: il s’agit moins d’un simple avertissement aux fonctionnaires que d’un appel à défendre les garde-fous démocratiques face à un Premier ministre accusé de vouloir soumettre institutions et calendrier électoral à ses intérêts personnels.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire