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A vif

A vif / Gaza: interdire les mots pour mieux nier la réalité


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La ministre déléguée française Aurore Berger voudrait bannir le terme de génocide pour ce qui concerne l’action du gouvernement israélien à Gaza. Comme si le monde entier ne voyait pas ce qu’il s’y passe et alors même qu’en Israël des voix dénoncent courageusement l’horreur.



Le cynisme et le nihilisme des soutiens du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de son gouvernement sont tout à la fois ignobles et effrayants. Que ne sont-ils pas prêts à faire pour que l’atroce massacre de milliers de Palestiniens de la bande Gaza, puis l’expulsion des survivants, puissent être menés à terme?  

En France, la ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, soutient la proposition de loi «visant à lutter contre les formes renouvelées de l'antisémitisme» déposée par la députée Caroline Yadan. Dénoncer un génocide à Gaza est «une falsification historique» qui consiste à accuser «les juifs d’être responsables d’un génocide», déclare Aurore Bergé. Ce faisant, elle confond – et veut faire confondre – à dessein la dénonciation des actions de l’Etat d’Israël avec une dénonciation des juifs, et œuvre à pénaliser toute critique des crimes de l’armée israélienne. 

Les propos sans ambiguïté d’un journaliste israélien

Si en France, comme en Suisse, ce négationnisme a des soutiens, en Israël, certains sont plus lucides, plus courageux aussi, comme par exemple le journaliste et écrivain israélien Gideon Levy. Le 29 juin, il écrivait dans le quotidien Haaretz: «Israël commet-il un génocide à Gaza? Il existe désormais un test précis: si Israël ne cesse pas immédiatement de massacrer les personnes qui font la queue aux points de distribution d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, il commet bel et bien un génocide.» Le 24 juillet, il constatait: «Le plan israélien de nettoyage ethnique de la bande de Gaza avance à grands pas, peut-être même mieux que prévu. Outre les résultats significatifs déjà obtenus en matière de meurtres et de destructions systématiques, ces derniers jours ont vu l'aboutissement d'un autre objectif crucial: la famine délibérée commence à porter ses fruits. Les effets de cette politique se propagent rapidement, faisant un nombre de victimes qui n'est pas inférieur à celui des morts causées par les bombardements. Les personnes qui ne meurent pas en attendant de la nourriture ont de fortes chances de succomber à la faim. L'arme de la famine délibérée fonctionne. La Fondation humanitaire de Gaza (GHF) est quant à elle devenue un tragique succès. Non seulement des centaines de Gazaouis ont été abattus alors qu'ils faisaient la queue pour recevoir des colis distribués par la GHF, mais d'autres, qui n'ont pas réussi à atteindre les points de distribution, meurent de faim. La plupart d'entre eux sont des enfants et des bébés.»

S’il était en France, sans doute se verrait-il accusé d’antisémitisme par Aurore Bergé et Caroline Yadan.

«Je ne veux pas que les Israéliens disent "on se savait pas"»

D’autres Israéliens témoignent dans un reportage de Mise au Point, sur la RTS. «Je ne veux pas que les Israéliens disent "on se savait pas"», explique un professeur d’histoire et d’éducation civique qui publie chaque jour sur Internet des photos d’enfants tués à Gaza: «On approche des 17 000 enfants morts. Si je poste seulement une photo par jour, j’aurais besoin de plus de trente ans! C’est très dur de réaliser que tu appartiens au côté qui a commis des horreurs, et ça a été fait en ton nom…» Il a déjà été interné quatre jours dans une prison de haute-sécurité pour ses actions et dans la cour du collège où il enseigne, ses élèves le traitent de «traître».

Son courage est immense, il rend les actions des soutiens européens du gouvernement israélien encore plus ignominieuses. Mais ils et elles auront beau faire, le souvenir de Gaza hantera pendant longtemps tant Israël que l’Occident.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@Foenix 25.07.2025 | 09h49

«Je suis déjà hantée ! Pas vous ?»


@Latombe 26.07.2025 | 10h38

«Par moment je n'ai pas envie de manger mon repas car dans mon esprit se téléscopent des images d'Auschwitz et des images de Gaza avec les visages émaciés et les corps décharnés, et ... le désespoir..
Génocide ou pas, Garza est devenu un gigantesque camp de concentration mais cette fois ce sont les tenants d'un état juif les bourreaux!
Boomerang de l'Histoire: comment des arrière-petits-enfants de déportés par le nazisme peuvent-ils se comporter comme des nazis avec, mépris, bombardements de civils et d'hôpitaux, déportations répétées, refus du journalisme, massacre de civils cherchant de la nourriture et maintenant famine généralisée?
On entend dire ça et là, que les Palestiniens de Gaza détestent le Hamas, peut-être., mais je suis persuadé qu'ils ont la haine d'Israel et de son gouvernement qui affirme respecter le droit international tout en tenant un discours d'anéantissement du peuple palestinien.
Je suis révolté il n'y a qu'un espoir: la paix maintenant mais qui pour la construire ?
Je repousse mon assiette...»


@Alain Bron 26.07.2025 | 23h52

«Face à la tragédie humaine, sans prendre position sur la dimension politique, je ne comprends pas pourquoi les pays européens (méditerranéens en tête) n'organisent pas un "pont naval" vers Gaza, avec des cargaisons d'aide humanitaire, que ce soit pavillon national, de la Croix rouge : Israël ne se risquera pas à arraisonner ou couler des bateaux occidentaux, quitte à les faire naviguer sous escorte. A un moment, il faut juste agir et discuter après.»