Cinéma / Une instructive adaptation du Guépard
«Le Guépard», Tom Shankland, Netflix, 6 épisodes d’environ 60 minutes.
Le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa est paru en 1958 et il a été adapté au cinéma par Luchino Visconti en 1963, avec Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale dans les rôles principaux. Alors, évidement, cette nouvelle version, une série Netflix, déplaît aux nostalgiques. Elle se laisse pourtant regarder avec plaisir, on ne s’y ennuie jamais. Il faut dire que les acteurs sont bons: Kim Rossi Stuart (excellent notamment dans Romanzo criminale en 2005 et Vallanzasca - Gli angeli del male, en 2010) est un convaincant Guépard, Benedetta Porcaroli est une Concetta tout en nuances mais bien présente, et Saul Nanni, en Tancredi Falconeri, est moins narcissique qu’Alain Delon dans le même rôle, ce qui ajoute de la profondeur à son personnage. Mais c’est surtout l’histoire qui est intéressante. Elle raconte comment, au moment de l’unification italienne, au milieu du 19e siècle, la noblesse sicilienne est petit à petit dépossédée par la bourgeoisie montante. Le Guépard n’y comprend rien, il a hérité son titre de prince et sa fortune sans rien faire. Tancredi, son neveu, perçoit quant à lui les avantages qu’il peut tirer de la nouvelle situation; c’est un opportuniste qui va vendre son âme à qui la veut pour satisfaire ses rêves de grandeur, c’est à dire de richesse. Bien sûr, les pauvres gens, les travailleurs, les paysans exploités par le Guépard ne font que de la figuration: Giuseppe Tomasi di Lampedusa était lui-même prince et les personnages du Guépard sont inspirés par les membres de sa famille. La déchéance de la noblesse et l’avidité de la bourgeoisie sont un spectacle toujours intéressant à contempler. Si les «Guépard» ont presque tous disparus, il y a des Tancredi partout et il est utile de savoir les reconnaître. Le personnage principal du récit est en fait Concetta, la fille préférée du Guépard, l’amoureuse trahie de Tancredi. Elle se libère petit à petit de l’autorité de son père pour… finir par se marier. Voilà qui symbolise à merveille ce que font les peuples lorsqu’ils ne se révoltent pas: passer d’un maître à l’autre.
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