Livre / Ecoféminisme chrétien: un oxymore?
«Gaïa et Dieu.e», Charlotte Luyckx et Michel Maxime Egger, Editions de l’Atelier, 328 pages.
«Dépasser l’oppression conjointe des femmes et de la nature en inscrivant cette lutte dans la foi chrétienne n’est pas impossible.» Pour le démontrer, la philosophe Charlotte Luyckx et l’écothéologien Michel Maxime Egger ont réuni dans leur livre les écrits de dix-sept femmes, pour la plupart théologiennes, certaines se revendiquant féministes, voire écoféministes. En entrant dans Gaïa et Dieu.e s, il est utile de ne pas oublier qu’il y a plusieurs féminismes, comme il y plusieurs manières d’être chrétien ou écologiste, ceci afin d’éviter les grandes généralités. Cela dit, il est vrai qu’à priori les religions – et le christianisme ne fait pas exception – sont plutôt patriarcales, en tout cas dualistes. Ce qui a pour conséquence de séparer les hommes des femmes, puis les femmes et les hommes de la nature, sans oublier la matière et l’esprit. Tout l’intérêt de cette anthologie est de nous donner à lire des pensées sortant des schémas habituels. Le chapitre deux est intitulé Dieu.e au-delà des genres? «Dieu est à la fois masculin et féminin, dit l’Etats-Unienne Rosemary Radford Ruether (1936-2022), mais en même temps il n’est ni masculin ni féminin.» Une des questions passionnantes du livre concerne la différence entre le panthéisme – Dieu est tout ce qui existe, tout ce qui existe est Dieu – et le panenthésime – tout est en Dieu. Autrement dit entre les concepts d’immanence et de transcendance. Pourquoi s’intéresser à ça? Pourquoi vouloir concilier christianisme et écoféminisme? Une des raisons peut être trouvée chez la Québecoise Pierrette Daviau: «La crise écologique n’est pas d’abord d’ordre matériel, mais d’ordre moral et spirituel (…) Nous ne sortons jamais de la nature puisque la nature est en nous.»
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire