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Reportage

Reportage / Voyage en vélo à travers la Bulgarie (2)


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Six cents kilomètres séparent Sofia, la capitale, de Velik Tarnovo, au centre-nord de la Bulgarie. En dix-sept jours de vélo, du 17 mai au 3 juin, j'ai découvert une richesse culturelle insoupçonnée: les fresques des tombeaux thraces, vieux de 24 siècles, un stade et un théâtre romain parfaitement conservés et d'innombrables monastères. Mais aussi une campagne vidée de sa jeunesse. Voilà la deuxième partie du reportage.



Suite du reportage de la semaine dernière.

Entre Spatovo et Hotovo, je pédale sur un chemin de traverse, raide et caillouteux, et je tombe sur une vénus de marbre blanc. Mais que diable fait-elle là? Les bras m’en tombent. Odes à la force et à la fertilité, les statues que je rencontre par la suite n’ont pas la grâce romaine, elles portent les valeurs sûres du réalisme social­iste.


© Toutes les photos sont de Roland Sauter.

Non loin du village de Melnik, je trouve un bi­jou de monastère − mais la montée est tellement raide que je dois pousser mon vélo... Tous les murs sont recouverts de fresques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et il y a beaucoup de pèlerins.

L’architecture de l’époque soviétique semble faite pour dominer, écraser. Une manière de remettre les petites gens à leur petite place. Je croise deux dames que la glorification des héros du passé ne semble guère im­pressionner.


La Place centrale de Batak.

Dans une ruelle de Plovdiv, je tombe par hasard sur une mosaïque qui couvre une paroi de l’entrée d’un obscur bâti­ment administratif. Je demande aux em­ployés de déplacer quelques meubles pour pouvoir la photographier – ce qu’ils font avec un grand sourire, surpris de voir mon intérêt. Je suis toujours fasciné par ce mélange de sym­boles chrétiens (on dirait presque une nativité) avec le machinisme agricole.

Ah le vent, quelle invention! Il arrive, rarement, qu’il me pousse et me donne des ailes, mais la plupart du temps, il semble heureux de me voir et vient à ma rencontre à toute vitesse.


Kurtovo.

Dans le train, je croise l’homme au révolver. Comme tous les vieux en Bulgarie, il parle le russe. Il me demande si j’ai une arme avec moi, et comme je réponds par la négative, il sort de sa sacoche en cuir un révolver dont il fait briller l’acier. Je ne comprends pas la suite de ses ex­plications; peu après, il s’endort, tenant fermement sa précieuse sacoche.


Gare de Bansko: la locomotive a fait le plein d’eau, le surplus s’échappe. Les wagons sont chauffés à la vapeur... Je prends le train en direction de Velingrad.


Regards croisés à la gare de Dabovo.


L'homme au révolver.


Gare de Kazanlak.


Conversation dans le train.

Un chef de gare délicieux… il m’accompagne dans les interminables couloirs de la gare pour me conduire à l’unique ascenseur qui fonctionne. Quand il apprend que je viens de Suisse, il égrène comme une litanie: «Berne, Genève, Zurich, Lugano…» Je crois qu’il aura cité au moins quinze villes de Suisse. Son livre de chevet doit être l’horaire des trains…


Suite du reportage la semaine prochaine.

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