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Culture

Culture / Un «Twin Peaks» balkanique


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«La mort de la petite fille aux allumettes», Zoran Ferić, Editions Noir sur Blanc, 224 pages.



Sur une île croate, Rab, on enterre une petite fille et c’est bien sûr très triste. Le narrateur est né et a grandi sur cette île; médecin légiste à Zagreb, il y revient en visite. L’histoire se passe en 1992, au loin tonne le canon des «guerres de Yougoslavie» (1991-2001). Et puis, un transsexuel roumain qui se prostituait sur l’île est assassiné. Débute une enquête à laquelle participe, plus ou moins malgré lui, le narrateur, entrainé par un de ses anciens amis d’enfance devenu policier. Aux événements du présent se mêlent bien sûr des souvenirs du passé. Ce roman est troublant car il oscille sans cesse entre l’humour et la tragédie. Entre la beauté de l’île et la noirceur des cœurs. Entre la douceur et la violence. A la bibliothèque, quelqu’un arrache les dernières pages des livres empêchant ainsi celles et ceux qui les empruntent de connaître la fin des histoires qu’ils lisent. Dans leur jeunesse, le narrateur et ses amis faisaient la chasse aux homosexuels pour les brutaliser. Il y a un asile psychiatrique, le souvenir de camps de travail où furent enfermés les opposants politiques. Ce roman est comme le bruit d’une scie coupant la boîte dans laquelle se trouve l’assistante d’un magicien. On a à la fois envie que le tour soit réussi et qu’il rate, à la fois envie que l’assistante sorte entière de la boîte et envie qu’elle soit finalement découpée, saigne. Il s’agit d’un Twin Peaks balkanique, dit l’éditeur. C’est une bonne comparaison.

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