A vif / Non, chère Migros, on ne te dit pas merci!
Rüti (ZH). © Roland zh - CC BY-SA 3.0
L’enseigne suisse a annoncé qu’un millier de ses produits verront leur prix baisser en 2025. Bonne nouvelle, mais pourquoi maintenant seulement?
Talonnée par les discounters étrangers et sa puissante concurrente Coop, la Migros a donc annoncé qu’elle va baisser les prix de mille produits alimentaires cette année. Sur un total de 35’000 articles. Nos confrères du Blick ont vérifié et ont constaté qu’en effet, sur un choix d’entre eux, il n’y a pratiquement plus de différences entre Migros, Denner, Lidl et Aldi. Mais ils remarquent aussi qu’il faut bien chercher pour trouver les perles à bon compte. Ce qui permet aux magasins allemands de claironner: chez nous, tout est bon marché!
Migros, une pieuvre aux innombrables tentacules
Ces baisses annoncées avec grands sourires par la direction de Migros ne suscitent guère d’applaudissements. Plutôt un reproche: alors si c’est possible aujourd’hui, pourquoi ne pas l’avoir fait hier? Nous aurait-on volé? Les responsables répondent que cela survient maintenant parce que les achats sont mieux coordonnés entre Migros, Denner et Migrolino. A moitié convaincant. En fait, ce géant a engendré au fil des ans une fortune énorme qu’elle réinvestit aussitôt dans les secteurs les plus divers, avec ou sans succès, notamment dans le domaine de la santé. Elle est devenue une pieuvre aux innombrables tentacules… Une sorte d’Etat dans l’Etat. Opaque. Qu’elle décide aujourd’hui de se reconcentrer sur son métier de base, avec quelques notables exceptions comme la banque, est plutôt à saluer. Mais gardon l’œil bien ouvert sur les prix!
Service et offre de qualité en France voisine
Et qu’elle cesse de se lamenter sur le tourisme d’achat outre-frontières. Dans les hypermarchés français, à part la viande, l’offre est souvent à la même hauteur qu’en Suisse. Si on y va, c’est parce que le choix est beaucoup plus large qu’à la Migros – un tour au rayon des épices vous convaincra – et l’accueil bien meilleur. Le boucher et le poissonnier de Lugrin, en France voisine, nous parlent, nous conseillent comme dans nos défunts magasins de quartier. Ils nous font découvrir des morceaux peu connus chez nous, des recettes de bon sens. Les managers zurichois de la Migros feraient bien de s’en inspirer.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
6 Commentaires
@camomille 17.01.2025 | 07h46
«Bonjour!
…Donc si j’ai bien compris, la Migros, c’est un peu comme l’armée? Paresseuse et dépassée …»
@Giangros 17.01.2025 | 16h55
«Excellente analyse. Merci. »
@Deuborch 17.01.2025 | 18h19
«Dans notre Migros à Pully,un boucher sympathique est toujours à notre écoute. Il est vrai qu’en France la viande est moins chère,mais pas que. Vaste choix de fromages moins chers que chez nous, de même que les jus de fruits réfrigérés (plus de deux fois moins chers),ainsi que le beurre. Par contre, il est vrai qu’il n’y a aucun avantage à acheter les fruits et légumes en France. JC Perriard »
@von 19.01.2025 | 13h39
«La coopérative Migros a un système économique vraiment extraordinaire qui, année après année, lui fait faire des bénéfices monstrueux. Pour la bonne raison qu'elle n'a pas d'actionnaires à récompenser à coups de dividendes. Elle n'a que des coopérateurs, qu'il suffit d'inciter à accepter les comptes annuels en leurs donnant un plaque de chocolat. Belle et naïve Suisse !
Mais voilà, son fondateur Gottlieb Duttweiler, homme vertueux qui avait été chagriné par les pauvres qui n'arrivaient pas à boucler leurs fins de mois, avait payé de sa personne et était parti dans tout le pays avec ses camions-magasins bourrés de produits de première nécessité bons marché.
Puis, le succès venant, il avait ouverts des points de vente fixes, dans lesquels certains se rendaient en cachette, honteux de délaisser leur épicerie locale et de passer pour des pauvres.
Puis le fondateur est décédé et la valse des directeurs a commencé. Bien commencé mais mal fini puisque, aujourd'hui, ceux-ci semblent plus soucieux de faire gagner de l'argent à leur monstrueux Las Vegas, que de prendre la succession morale de Gottlieb (qui signifie "amour de Dieu").
Aujourd'hui la Migros est partout, elle a pu investir dans tous les domaines grâce au cash économisé sur le dos de ses coopérateurs, mais aussi sur le dos de ses fournisseurs. Car maintenant ce sont ces derniers qui ont de la peine à boucler leurs fins de mois. Le prix que la Migros leur paie pour leurs patates, leur lait ou leur bidoche n'arrive pas à leur assurer des salaires décents. Il faut dire qu'ils n'ont guère le choix puisque l'entreprise monopolistique (avec la Coop) qu'est devenue la Migros leur a acheté toute leur production, les incitant à s'endetter pour investir dans des moyens de production démesurés. Et à partie de là ils en sont devenus prisonniers. Eh oui, "on n'a rien contre vous personnellement, mais c'est le business"...
Pendant ce temps, notre brave et vertueux Gottlieb se morfond au paradis, assis sur le bord de son petit nuage rose, ses petites ailes d'ange pendant lamentablement. Il soupire de voir ceux qui ont pris sa succession d'agir comme de purs capitalistes et tourner le dos à sa volonté de ré-investir tous les bénéfices de l'entreprise dans l'abaissement des prix de vente de ses produits. C'est cela la raison d'être des coopératives. Et puis aussi de contourner son interdiction de vendre de l'alcool en en vendant quand-même mais sous un autre nom...
Bin oui, Gottlieb, tu as créé, sans le vouloir, une monstrueuse machine à sous, entonnoir à pognon, au pèze, aux pépettes, au cash, au liquide !
Et si tu essayais de communiquer, je ne sais pas moi, peut-être via une des propriétés de la physique quantique, avec tes successeurs et de les enjoindre à respecter tes volontés posthumes, sans quoi tu vas leur tirer les oreilles ?
»
@Baïka 19.01.2025 | 18h29
«Bien dit. Merci M. Pilet.
Cette grande surface fait preuve d'une grande hypocrisie, notamment en ce qui concerne la vente d'alcool. Elle reflète parfaitement l'image de son magazine hebdomadaire : sans intérêt, sans fraîcheur et dénué de toute envie de le lire. Obsédée par la quête de bénéfices maximaux, elle oublie de rémunérer nos agriculteurs de manière décente.»
@Philippe37 21.01.2025 | 10h30
«Ruiné aussi la plupart des producteurs de fleurs du pays...
Le vent tourne, les marchés et certains commerces de proximité ont à nouveau la cote...»