Culture / Quel superbe méchant!
«Signé Olrik», Yves Sente et André Juillard, Editions Blake et Mortimer, 64 pages.
Olrik est LE méchant par excellence de la bande-dessinée. Créé par Edgard P. Jacobs, voilà plus de septante ans qu’il sévit dans les aventures de Blake et Mortimer. Il a travaillé avec des dictateurs, avec des escrocs, des assassins, des tortionnaires, des terroristes. Il a trahi mille fois sa parole, trahi la plupart de ses partenaires. Olrik ne pense qu’à lui, il est totalement dénué d’empathie. Oui, c’est un fabuleux méchant, un personnage fascinant. A côté de lui, le pauvre capitaine Francis Blake et son barbu et barbant ami le professeur Philip Mortimer sont d’un ennui incommensurable. Dans cette nouvelle aventure, Olrik va s’associer avec des indépendantistes cornouaillais désireux de s’émanciper de la couronne britannique. Or, le barbant et barbu Philip Mortimer a justement mis au point une machine − une sorte de suppositoire géant − servant à explorer les sous-sols de la Cornouaille à la recherche de nouvelles mines à exploiter en exploitant une main d’œuvre venue des colonies de l’empire. Les décors sont les mêmes qu’au début de la série, c’est-à-dire une Angleterre des années 1950. C’est délicieusement vieillot, les dialogues aussi: «Mais! C’est Rajesh qu’on moleste! (…) Si vous voulez en découdre, je vous préviens que je pratique la boxe depuis mon jeune âge!», profère Philip Mortimer du haut d’un cheval. Grâce à Olrik, l’histoire va se révéler plus tordue, moins banale. C’est une des vertus des méchants que de contrer l’ennui.
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