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Culture

Culture / Ce qu’il y a d’effrayant dans la médecine


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«Notes d’un médecin», Vikenti Veressaïev, Editions Noirs sur Blanc, 272 pages.



Quel rapport entretenez-vous avec vos médecins? Et eux, quels rapports entretiennent-ils avec vous? Personnellement, tout à la fois je m’en méfie et tout à la fois je leur demande, pour l’essentiel, de me rassurer. Le livre de Vikenti Veressaïev (1867-1945) a paru en 1900 en Russie où il a provoqué beaucoup d’émois. En le lisant, on comprend pourquoi. Il ne s’agit pas d’un roman mais du récit des études de médecine de l’auteur et de sa découverte des pratiques médicales de ses confrères. C’est plutôt effrayant. Il y a d’abord l’arrogance de la plupart des médecins, imbus d’eux-mêmes et de leur savoir alors même qu’ils tâtonnent souvent et prodiguent à leurs malades des soins pas toujours appropriés. Les pauvres gens, bien sûr, sont souvent victimes d’expériences atroces – comme se faire inoculer la syphilis de manière expérimentale –, les animaux aussi. Cela se passe en 1900, me direz-vous, aujourd’hui tout va mieux. Sans doute, mais sur qui, actuellement, teste-t-on cliniquement les médicaments et les nouvelles techniques? Sur les plus riches d’entre nous? Le regard de Vikenti Veressaïev est très critique, parfois introspectif. Son écriture, elle, est fluide et agréable, ce qui crée un contraste très intéressant et enrichissant – sans doute que la traductrice, Julie Bouvard, y est pour quelque chose. Dans sa préface, l’écrivain Dimitri Bortnikov – qui a lui-même fait des études de médecine – écrit: «Il y a deux espèces de médecins. Ceux qui, comme des garagistes, veulent comprendre comment ce corps-voiture fonctionne. Ils se fichent de qui le conduit. Et puis ceux qui veulent soigner. Et ce sont eux que nous gardons en mémoire.» Je terminerai cette recension avec deux modestes conseils de lecteur: n’oubliez pas que la médecine occidentale n’est pas la seule ni la plus ancienne, et offrez ce livre à votre médecin: s’il ne vous en tient pas rigueur, continuez de le consulter, sinon, trouvez-en un autre.

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