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Culture

Culture / Le modèle suisse est menacé. Quel modèle?


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«L’identité suisse au défi», Paul Widmer, Editions des Syrtes, 182 pages.



Qu’est-ce que c’est que l’identité suisse? Partant du principe que celle-ci est en danger, qu’elle est en train de se perdre, Paul Widmer doit la définir et ce n’est pas inintéressant. Selon cet ancien diplomate suisse allemand, «la Suisse constitue dans quatre domaines importants une solution alternative au courant dominant européen»: la démocratie directe, le fédéralisme, le multilinguisme et la neutralité. Ce qui est certain, c’est que Paul Widmer idéalise la Suisse. Il le fait en allant chercher les origines de l’identité helvète dans les actes fondateurs, dans ce que les esprits critiques considèrent parfois comme des mythes. A la base de tout, il y aurait un puissant esprit de liberté. Il ne le cite pas dans son livre mais on voit le brave Guillaume Tell refusant de se courber devant le chapeau du vil bailli Gessler. Cela dit, cet esprit de liberté existe bel et bien mais il reste à définir: quelles libertés veulent les Suisses, pour qui? En réalité, la première des libertés en Suisse est aujourd’hui celle du commerce. Les autres libertés sont admises pour autant qu’elles n’empêchent pas l’enrichissement de ce qu’on n’ose plus nommer la «bourgeoisie dominante». Mais ce n’est pas là que Paul Widmer voit le danger qui menace le modèle suisse. Plutôt dans l’abandon de la neutralité, qu’il documente de manière intéressante: la Suisse «est trop centrée sur elle-même, trop soucieuse de son propre prestige». L’auteur parle bien sûr beaucoup d’histoire et un passage du livre mérite particulièrement qu’on s’y arrête: «Ce qui s’est passé autour de 1300 dans la Suisse primitive est fort étonnant. Partout en Europe, les seigneurs étendaient leur domaine territorial et créaient des Etats dynastiques verticaux. Pour la Suisse primitive, c’est l’inverse qui s’est produit. Des paysans se sont associés pour défendre leurs libertés. Or il ne s’agissait pas de libertés individuelles mais de privilèges collectifs, obtenus pas des communautés». Et si, au fond, le modèle suisse était une forme de collectivisme?

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