Vous aimez cet article <3
Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / Pourquoi veut-on que nos enfants nous ressemblent?


PARTAGER

«Le gars qui allait quelque part», Michel Bezbakh, Editions Buchet Chastel, 144 pages.



Michel Bezbakh fait faire aux lecteurs et aux lectrices un voyage dans la tête d’un homme qu’on a tout de suite envie de qualifier de «beauf». Un homme qui aime le football et tous les trucs qu’un homme est sensé aimer. Un homme qui roule vers quelque chose d’important, on ne sait pas quoi. Comme le trajet dure longtemps (144 pages), on finit par dépasser la caricature du début. Décider que quelqu’un est un «beauf», ou un ceci ou un cela, ça ne mène pas loin, merci à Michel Bezbakh de nous en faire prendre conscience. Cet homme qui roule se remémore la naissance de son fils et les années qui ont suivi. «Je voulais trop qu’il aime le foot le gamin, normal, comme n’importe quel père. J’allais être déçu, très déçu.» Ce qui est important, là, ce n’est pas le foot, c’est la projection que font les parents sur les enfants. Si on remplace «foot» par «poésie», c’est la même chose. Pourquoi les parents veulent-ils que leurs enfants deviennent ceci ou cela, ceci plutôt que cela? Pour les enfermer dans une posture comme eux-mêmes le sont? Le père du livre aime le dessin animé Mowgli, il est heureux de le montrer à son fils qui, lui, va finir par préférer le dessin animé adoré de sa mère, Cendrillon. Et il va être malheureux, ce père, perdre le contact avec son fils. Pourquoi voulons-nous que nos enfants nous ressemblent, aiment les mêmes choses que nous? Cet homme qui roule n’est pas un «beauf», il s’interroge et finit par penser contre lui-même, ce qui est un bon début − et ce n’est pas facile à faire, essayez, vous verrez. Le gars qui allait quelque part est un livre extra. «On a tous l’impression d’avoir vécu des Noëls sous la neige, au point qu’on se pose la question durant tout le mois de décembre, y aura-t-il de la neige à Noël? C’est comme ça, on s’illusionne, et on est parfaitement satisfait de s’illusionner, c’est le but, voir la neige qui n’existe pas, être heureux alors qu’on ne l’est pas.»

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

0 Commentaire