Culture

Aurélie Netz est anthropologue et elle a mené une recherche ethnographique en s’entretenant avec six femmes et deux hommes qui ont des relations avec des êtres invisibles. «Il n’est pas question pour moi d’affirmer que ces êtres existent ou qu’ils n’existent pas, mais bien de chercher à comprendre comment leur a été donnée une forme d’existence dans les réalités des femmes et des hommes que j’ai rencontrés. Alors j’ai tenté d’investiguer le comment de ces relations, sans chercher le pourquoi.» Disons-le tout de go, à la fin du livre la question qui se pose, à mon avis, n’est pas de savoir s’il existe des entités invisibles mais plutôt comment celles-ci pourraient ne pas exister. Un des témoins d’Aurélie Netz est par exemple en contact avec l’esprit de son grand-père décédé. Du coup, on se rend compte que plutôt que de douter de la relation que nous pouvons entretenir avec les morts – quelque forme que prenne cette relation, ne serait-ce que celle d’un simple souvenir – nous pourrions nous interroger sur la relation que nous entretenons avec les vivants et qui ferait que tout s’arrête lorsque le corps disparaît. En réfléchissant sur l’invisible, on ne peut pas s’empêcher non plus de constater le monopole établi sur ce sujet par les religions (Dieu, bien qu’invisible, existerait, les fantômes pas). Aurélie Netz suppose que les relations avec l’invisible pourraient participer d’un sens à donner à la vie. Se pose alors une question philosophique: et si plutôt que de donner un sens à la vie on œuvrait à son devenir? Alors, visible ou invisible peuvent se mêler à l’envi…