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Culture

Culture / Un homme, une femme et son mari, des drames


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«Le vestibule des lâches», Manfred Kahn, Editions Payot & Rivages, 336 pages.



C’est un roman noir, bien noir. Victor vit dans un hameau isolé des Alpes. C’est un citadin venu là on ne sait pas bien pourquoi au début – ensuite on le sait mais je ne vais pas spoiler une partie de l’intrigue (et sachez que spoiler vient de l’ancien français espoillier qui vient lui-même du latin spoliare, alors ne hurlez pas bêtement à l’anglicisme). Victor est sombre, solitaire, il fait de longues marches dans la montagne. Les deux autres personnages principaux sont Josépha et son mari Charles. Josépha est une femme tragique qui vit et procure des émotions violentes, parfois funestes même si sa quête ne l’est pas; on l’imagine d’une beauté peu banale, elle ne jouit pas sexuellement mais aime embrasser et elle embrase les hommes. Charles est agi par des pulsions qui semblent venir d’un autre âge, d’un temps d’avant la civilisation; il est malin, il règne sur la petite vallée encaissée entre les montagnes. Entre ces trois personnages, l’action va être plutôt classique. La réussite du roman tient essentiellement à l’augmentation permanente et régulière de la tension, sans effets spéciaux. C’est comme un rêve qui devient si lentement un cauchemar qu’on ne s’en aperçoit que trop tard. Et il y a la montagne, le froid, des loups. Seul bémol: un peu de moraline tellement française (Manfred Kahn vient d’une famille franco-écossaise). De manière générale, les auteurs de romans noirs devraient se contenter de faire évoluer leurs personnages sans les juger et laisser les lecteurs – les lectrices aussi – se débrouiller avec ça. Pour finir, je dois avouer ne pas avoir compris le titre (sans doute moralisateur). Mais j’ai bien aimé l’idée que la vie pourrait être une vallée perdue au milieu des montagnes, une vallée où mourir, ou alors d’où s’échapper.

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