Culture / Il s’agit d’inventer l’étape suivante
«Au cœur des années affreuses, sales et méchantes», Dominique Bourg, Presse Universitaires de France, 241 pages.
Le philosophe Dominique Bourg livre là son «journal éco-philosophique 2019-2023». Il y est donc question d’événements de l’actualité de ces années-là, comme l’assassinat de Samuel Paty, la guerre en Ukraine ou l’assaut du Capitole à Washington. Il est aussi, bien sûr, question d’écologie. «Il n’est désormais plus possible de poser la question écologique sans en même temps poser celle des inégalités sociales», affirme Dominique Bourg. Non, le philosophe n’est pas, à notre connaissance, marxiste. Mais dans ses réflexions écologistes, il ne peut se contenter ni des invocations techno-solutionnistes ni des biais cognitifs bobos. «Les inégalités sociales renvoient directement ou indirectement à des inégalités en termes d’accès aux ressources naturelles.» Un des chapitres de son livre est titré «L’épuisement d’une logique». Il s’agit de celle d’un monde où «à la quête du salut s’est substitué un objectif plus terrestre: l’accomplissement individuel via l’enrichissement matériel. La foi en Dieu a été remplacée par la foi dans le progrès.» Dominique Bourg en est persuadé: «on ne pourra pas relever les défis écologiques sans réduire la consommation de matière et d’énergie. Cela impliquera, pour les pays développés, une réduction particulièrement drastique.» Cela peut paraître brutal à celles et ceux qui peinent à imaginer un autre monde que celui-ci. Pour les autres, c’est plutôt prometteur. «Nous ne disposons plus d’aucun référentiel civilisationnel, géographique ou historique, pour inventer l’étape suivante. (…) Les sociétés écologiques à venir devront trouver d’autres formes de récompense et de distinctions que l’accumulation de biens matériels.» Ça fait rêver, non?
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