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Culture

Culture / Où disparaissent nos existences?

Patrick Morier-Genoud

29 décembre 2023

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«L’eau rouge», Jurica Pavičić, Editions Agullo, 408 pages.



«Cet instant où Silva a dit Allez, salut et fait virevolter sa robe vers la sortie, c’est la dernière fois qu’ils l’ont vue.» L’histoire de ce roman policier débute en 1989, dans une petite ville de la côte dalmate, près de Split. C’est encore la Yougoslavie, mais plus pour très longtemps. Une jeune femme de 17 ans disparaît après une fête. S’est-elle enfuie? A-t-elle été assassinée? Chaque chapitre fait le récit des événements du point de vue des personnages principaux: le père, la mère, le frère, un policier, un jeune homme de la petite ville, un autre, etc. Les années passent, la guerre éclate, puis se termine, on ne sait toujours pas ce qu’il est advenu de Silva. Son frère, obsessionnellement, la recherche. Les années passent, le pays change, les protagonistes du roman aussi. Il y a bien sûr le suspens: qu’est devenue la disparue? Mais aussi une question: quelles auraient été les vies des unes et des autres si cet événement tragique n’était pas survenu? Et il y a la Yougoslavie. Où a-t-elle disparue?, semble se demander l’auteur, pourquoi?, par la faute de qui? L’eau rouge est un de ces polars où l’intrigue dépasse largement la simple résolution d’une enquête policière. Il est question de quêtes, celles que nous menons la plupart du temps sans comprendre réellement quels sont leurs objets.

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