Culture

Contrairement à ce que veut faire croire le titre de ce livre, le périple de l’auteur autrichien dépasse très largement les limites géographiques des quatre murs de sa chambre. Un coupe-papier, par exemple, nous entraine sur les traces de l’inventeur de l’Eternit, Ludwig Hatschek, né en Moravie en 1856. Le chapitre 4 est une digression, une «petite phénoménologie de l’attente», qui se conclut ainsi: «L’attente est la mort en marche, sans que nous le remarquions. Nous ne cessons d’attendre quelque chose, la pause de midi, le week-end, la visite des enfants, la promotion, les vacances, la fin des vacances, la retraite, et c’est ainsi que nous vieillissons et finissons par mourir.» Il est également question, durant ce périple, de langues et de peuples disparus ou en voie de l’être définitivement, comme les Cimbres tyroliens: «Lorsque, il y a douze ans, je partis à la rencontre des derniers Cimbres – quelques personnes très âgées, hommes et femmes, qui s’entretenaient en ancien haut allemand dans la petite commune de Roana, nichée sur le haut plateau d’Asiago, dans les Dolomites italiennes, et qui entonnèrent immédiatement des chansons enfantines en mon honneur –, je tombai sur des descendants qui savaient qu’avec eux une culture ancestrale allait s’éteindre; ils n’en éprouvaient aucun désespoir et cultivaient avec soin les fleurs de leurs jardins.» Oui, ce périple cultivé et tout en curiosités nous emmène non seulement loin de la chambre de l’auteur mais également loin de la nôtre. Et l’évocation du sarma, le délicieux chou farci balkanique, donne envie d’immédiatement faire son sac et de prendre la route vers l’Est.