Culture

En Suisse tout va bien, nous avons de la chance. C’est le discours dominant depuis les années 1960. Tout va bien parce que les Suisses sont sérieux, travailleurs, raisonnables. Surtout, tout va bien parce qu’en Suisse rien n’entrave la marche des affaires; l’économie libérale est notre dieu, le Conseil fédéral son prophète. Or, «non, le dynamisme économique helvétique ne profite pas à tous», le photojournaliste Charles Habib le démontre à travers six portraits de personnes vivant dans la rue en Suisse, six hommes âgés de trente à plus de soixante ans. Un travail mené de 2018 à 2021. Il n’est pas question ici de s’apitoyer, juste de regarder une des réalités de notre pays. Il y aurait environ 2'200 sans-abri en Suisse et 8'000 personnes y seraient menacées de perdre leur logement, expose Patrick Vallélian, le directeur de Sept.info, dans son édito, ajoutant: «La pauvreté a augmenté en Suisse, passant de 6,7% de la population en 2014 à 8,7%, soit 745'000 personnes, en 2021.» Oui, le miracle suisse n’est pas si miraculeux. Encore une fois, il ne s’agit pas de pleurnicher en découvrant les portraits de Charles Habib. S’interroger, oui. Regarder derrière le décor. Commencer par ça.