Culture

Elle est danseuse étoile à l’Opéra de Zurich. Giulia revêt les plus beaux costumes sur scène, son corps les mouvements et les pas les plus grâcieux. Le visage de la danseuse laisse apparaître fierté, de lumière, de rigueur mais fatigue… Les cernes en témoignent. L’excellent documentaire de Laura Kaehr débute à la fin du congé maternité de Giulia Tonelli. Elle reprend la danse avec son lot de stress, de soirées de grandes premières, d’exercices physiques, de concurrence, en somme de tous les aspects exigeants d’une vie d’artiste. Face caméra, la danseuse exprime sa division entre son besoin de danser et celui de profiter pleinement du temps avec son nouveau-né Jacopo. A contre-courant d’un certain féminisme qui voudrait qu’une femme éclipse sa maternité pour demeurer dans la lumière d’une carrière glorieuse, Giulia dit combien être mère est pour elle une expérience infiniment plus forte et plus saisissante que les joies de la scène. Elle reprend portant son travail à plein temps. C’est là la nuance et la subtilité de ce documentaire qui ne prend ni parti pour la maternité au détriment d’une carrière ni le contraire. La caméra de Kaehr montre, dans une élégance appliquée entre des scènes de ballets et des scènes de vie quotidienne, combien il est difficile de tout concilier, mais combien c’est possible quand, à l’instar de Giulia, on est bercé par la passion de ce qu’on fait, et que le moteur de chaque engament reste encore et toujours l’amour. L’amour de la scène, l’amour d’un enfant.