Culture

Le Suisse Joseph Incardona est un des auteurs majeurs du roman noir actuel – à ne pas confondre avec le roman policier qui se concentre sur la recherche du coupable d’un crime. Son récit a été publié une première fois en 2010, par les mêmes éditions Finitude qui nous le redonnent à lire aujourd’hui, mais agrémenté de dessins du formidable et Zurichois Thomas Ott. Des dessins eux aussi noirs, très noirs, qui font plus qu’illustrer le texte, qui le complètent. «Dans une petite ville du Maine, la veille de Noël, toute la communauté s’apprête à célébrer les cent ans de Betty Holmes, l’ancienne institutrice.» Sauf qu’après avoir vomi sur le gâteau, la centenaire fait des révélations effrayantes sur la disparition, il y a soixante ans, de trois de ses élèves. Lonely Betty est un pastiche de roman noir et Joseph Incardona s’amuse comme un sale gosse avec les codes du genre. Les personnages sont épatants, en quelques lignes on connaît l’essentiel de ce qu’il y a à savoir sur eux dans le cadre du récit, le béhaviorisme littéraire de Jean-Patrick Manchette (1942-1995) – que son nom soit loué! – colore agréablement cette histoire qui se termine de manière moins intéressante qu’elle ne commence. Le pastiche a des limites que les autres livres de Joseph Incardona n’ont pas. Mais il y a beaucoup d’humour dans ce roman noir, ce qui donne un cocktail des plus savoureux, un plaisir qu'on ne boudera pas.