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Actuel / Quand les Vaudois étaient pris de frénésie ferroviaire

Jacques Pilet

19 septembre 2017

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Les Suisses sont fiers de leurs trains. Tant mieux. Mais sommes-nous aussi forts que nous le pensons? Nous étions hier à l'avant-garde, nous ne le sommes plus. Tous les projets audacieux de trains souterrains à grande vitesse élaborés dans les universités sont vite enterrés, c’est le cas de dire. Rappel du coup de folie des Montreusiens qui faisaient grimper la crémaillère jusqu’aux Rochers de Naye. Il y a tout juste 125 ans. Reportage photos de Stephan Engler.



Ils avaient un culot et une détermination inouïes. Trois entrepreneurs de Montreux, Georges Masson, Ami Chessex et Alexandre Emery, obtiennent une concession pour cette liaison en 1880. Un an plus tard, ils commencent les travaux. Et en juillet 1892 déjà, la ligne à crémaillère longue de 7,7 kilomètres est inaugurée! 

Quand on songe à la lenteur des travaux publics aujourd’hui… Plus fort encore: l’hôtel du sommet fut construit en dix-sept semaines, commencé alors que le train n’y arrivait pas encore, ce sont des mulets qui amenaient les matériaux. Une halte fut prévue à Caux où il n’y avait alors que des pâturages. Il faut un début à tout.


Début 1900, le Glion-Naye à la Station de Jaman. © DR

Ce n’est qu’en 1909 que le trajet Montreux-Glion fut mis en service. Auparavant, on devait d’abord emprunter le funiculaire Territet-Glion, inauguré en 1883. Un autre exploit pour l’époque.


Le funiculaire Territet-Glion et sa voie vertigineuse sont inaugurés le 19 août 1883. © DR

Le système était totalement nouveau. Deux voitures reliées par un même câble se croisaient sur la ligne à crémaillère, l’une chargée d’eau en haut qui tirait la seconde vers le bas. Cela dura jusqu’en 1975! Le concepteur Niklaus Riggenbach voulut lever les réticences du public: il monta dans le convoi, fit couper le câble et l’engin redescendit tout doucement vers la station de départ.


Le Nouvelliste vaudois du 19 août 1908

La compagnie du Montreux-Oberland bernois (MOB) a depuis lors modernisé les installations et les véhicules. Mais deux voitures de l’époque, avec des compartiments ouverts, ont été mises en service pour les nostalgiques à l’occasion du 125e anniversaire.


125 ans plus tard, deux voitures vintage reprennent du service. © Stephan Engler

Pourquoi rappeler ces prouesses passées? Parce que l’excursion mérite le détour aujourd’hui encore, même pour les blasés. Et surtout parce que cette entreprise est une leçon. L’innovation n’est pas qu’une affaire de technologie. Elle exige un brin de folie. Et la conviction que tous les obstacles peuent être surmontés. Certes ceux-ci, de toutes natures, sont plus nombreux aujourd’hui qu’au XIXe siècle. Mais une vision d’avenir bien communiquée devrait parvenir à en avoir raison.

Ah! oui, l’environnement! Cette belle préoccupation qui devient parfois un frein… Il se trouve pourtant que le train Glion-Naye ne semble pas avoir perturbé les chevreuils et les marmottes. Celles qui accueillent les visiteurs au sommet ont l’air assez satisfaites de leur sort.


Au sommet. © Stephan Engler

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