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Culture / «Ça gentrifie même les latrines»


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«14%», La Gale, Distribution Addictive Music, 3,42 minutes.



La Gale n’a pas sa langue dans sa poche – elle n’y fait pas le poing non plus. De son vrai nom Karine Zeina Guignard, d’origine libano-suisse et vivant à Lausanne, elle est auteure, compositrice, interprète de rap et comédienne. Sa dernière chanson, 14%, a pour thème la gentrification de certains quartiers lausannois – on pense par exemple au Flon. «Les vieux troquets sont tous fermés. (…) Maintenant c’est des bars de merde où siroter des cocktails à 25 balles. (…) Ils ont remplacé les OD par des comas éthyliques de fils de bourges encanaillés qui tiennent pas leurs barbituriques. Ça claque de la thune en terrasse, c’est le temps béni des colonies. Z’ont découvert où se mettre la race en chiant sur notre géographie. (…) Ça gentrifie même les latrines. (…) Lausanne je t’aime mais t’as changé…» Musicalement, c’est du rap. Mais le texte, lui, appartient sans conteste à la littérature populaire et réaliste, à la poésie du caniveau, à la parole des gueux. Il y a des liens entre Villon, Aristide Bruant, Fréhel, les chansonniers anarchistes… et La Gale. Comme une constellation libertaire, révoltée. La chanson de La Gale parle de lutte des classes, de la vie aseptisée de la petite bourgeoisie, de droite comme de gauche. Ce que la littérature suisse romande peine à faire – parler des affrontements sociaux, le rap de La Gale y parvient avec talent. Ça claque bien.

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