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Culture

Culture / A la frontière entre la vie et l’agonie

Patrick Morier-Genoud

30 septembre 2022

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«Ainsi pleurent nos hommes», Dominique Celis, Editions Philippe Rey, 288 pages.



Dominique Celis est née au Burundi, d’une mère rwandaise et d’un père belge. Agrégée de philosophie, elle vit aujourd’hui au Rwanda. Son récit se déroule à Kigali, en 2018. Erika, le personnage principal, vit un grand chagrin d’amour. Elle écrit des lettres à sa sœur, lui parle d’elle, de la vie de proches, de ses tantes atrocement massacrées par les Hutus lors du génocide de 1994. Un génocide toujours tellement présent, même si en Occident on aimerait que les Rwandais «tournent la page». Mais à Kigali, des victimes croisent dans la rue leurs bourreaux aujourd’hui libérés, des corps portent encore les traces des coups de machette. «Il n’y aura ni délivrance ni expiation. Rien, Nada! (…) La progéniture des bourreaux n’est pas responsable des crimes de sa famille. (…) Tandis que la descendance des victimes, leurs proches, les nôtres, ta mère, Lawurensyia, nous, mon fils, ses gosses, tes neveux, nous n’en finissons pas de métaboliser 94.» Ainsi pleurent nos hommes n’est pas qu’un récit sur le génocide et sur la vie après l’horreur. C’est aussi le portrait d’une jeune et moderne femme africaine, d’une lucidité folle, sur elle-même et sur le monde. «Toutes les femmes habitent la frontière entre la vie et l’agonie. Celle du sang menstruel ou de la mise au monde.»                 

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