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Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / Le vivre ensemble, c’est un vaudeville

Patrick Morier-Genoud

2 septembre 2022

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«Viens je t’emmène», Alain Guiraudie, Les films du losange, 100 minutes.



Heureusement que le dernier film d’Alain Guiraudie sort en DVD, car il y a peu de chances de le voir en salle, encore moins à la télévision. Cet épatant réalisateur se revendique Auvergnat, communiste et homosexuel. Ce ne serait pas si extravagant s’il n’était pas sans concession. Guiraudie fait les films qui lui plaisent, à sa manière, sans aucune mièvrerie. Du coup, ça dérange. Là, il nous emmène à Clermont-Ferrand, en hiver, au moment où a lieu un attentat terroriste. Médéric, un informaticien quadragénaire, tombe amoureux d’Isadora, une prostituée plus âgée, bien en chair, appréciant sa profession et dotée d’un mari qui veut bien qu’elle baise avec d’autres pour de l’argent mais sans échange de sentiments. Non content de cette situation vaudevillesque, Médéric accueille chez lui un jeune musulman qui pourrait être mêlé à l’attentat. Guiraudie filme les relations entre ses personnages avec générosité et une rare intelligence. Ça donne un film qui réunit le meilleur de ceux de Mocky et de ceux de Rohmer. Mocky en plus subtile, Rohmer en décoincé. C’est bien sûr un film avec une morale, celle que Guiraudie construit lui-même, et voilà ce qui fait de lui un artiste. Un artiste facétieux: au début du film, Médéric fait un cunnilingus à Isadora, laquelle crie de jouissance: «N’en fais quand même pas trop», lui dit alors son amant.

 

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