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Culture

Culture / Raconter une histoire sans faire d’histoire


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«Galel», Fanny Desarzens, Editions Slatkine, 136 pages.



Voilà un livre qui nécessite un peu plus qu’une appréciation positive ou négative. L’autrice, Fanny Desarzens, est jeune – 29 ans, elle a fait de modernes études en arts visuels à la HEAD de Genève, mais son roman fait tout de suite penser au vieux Ramuz. Or, Ramuz, c’est comme la fondue: qu’on l’aime beaucoup, un peu ou pas du tout, c’est un peu lourd sur l’estomac. Il est intéressant de lire Galel, ne serait-ce que pour comprendre comment les jeunes acteurs et actrices de la culture romande trempent leur pain dans le caquelon de leurs aînés. Fanny Desarzens raconte une histoire en apparence sans faire d’histoire. Trois hommes travaillent à la montagne, qui comme guide, qui comme gardien de cabane. Ils s’aiment bien mais s’expriment peu, moins que la montagne en tout cas. C’est là que le fantôme de Ramuz surgit comme la flamme du réchaud: les paysans et les montagnards seraient – ontologiquement? – moins expressifs que les paysages. A une époque où chacun bavarde de rien et de rien sur les réseaux sociaux, ça calme un peu le jeu. A une époque, la même, où le nombrilisme est de mise, ça donne un peu d’air. «Tout paraissait tellement évident, pour Galel. Marcher, manger, dormir. Simplement marcher, manger, dormir et faire ça avec de la joie. Et quand il y a du chagrin, simplement se consoler et se remettre à marcher.» Peut-on dire qu’il s’agit d’une fiction rousseauiste?

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