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Culture / L'amour à côté de ses pompes


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«L’idée de l’amour», Mark Greene, Editions Grasset, 208 pages.



Dans les récits de Mark Greene, parmi lesquels les indispensables Le ciel antérieur et 45 tours, il n’y a pas de héros. Il n’y a pas non plus d’aventures, de situations résolues, ni de chutes. Le temps s’écoule avec une bizarrerie très délicate dont le romancier a le secret. La règle s’applique aussi à ce sixième opus, L’idée de l’amour. On ne gâchera pas le plaisir de la découverte en avançant qu’il y est davantage question d’idées que d’amour. Du moins, d’amour au présent. Le double de l’auteur, comme il est d’usage de le dire, est un journaliste hippique et écrivain d’ouvrages de commande, qui se voit justement commander, par son éditeur très «fric» et parisien, un entretien avec son idole de jeunesse, le Goncourt François Rongières. Dès lors commence le voyage en province, dans des trains, des hôtels, des routes, des brouillards et des canapés très chabroliens. Dans le passé, aussi, puisque la «gardienne du temple», l’épouse de Rongières, a joué un rôle tout autre dans la jeunesse du narrateur. Tout semble en place pour rejouer un vaudeville façon gentlemen farmer. C’est là que se révèle le talent de Mark Greene. En homme et en écrivain qui parait toujours un peu à côté de ses pompes, il transpose cette absence, ce décalage, ces renoncements existentiels, ces décisions spontanées à son personnage. Il tisse des fils parallèles, mélancoliques, inattendus. Il écrit et fait bouger les lignes avec douceur, pour dégager et laisser parler, seule, une idée.

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