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Culture

Culture / Littérature bactériologique

Marie Céhère

15 octobre 2021

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«Toxique», Samanta Schweblin, Editions Gallimard, 128 pages.



Dans ce roman, d’une des plumes les plus en vue de la nouvelle génération sud-américaine, tout est inconfortable. Le décor est collant, moite, sablonneux, à peine adouci par la nuit. Clara, aux bretelles de bikini doré nouées dans le dos, raconte à sa voisine de vacances, Amanda, une histoire abracadabrante. Alors que son fils David avait contracté une grave infection au contact d’on ne sait pas vraiment quoi, elle avait eu recours aux dons de guérisseuse d’une espèce de sorcière vivant dans une maison verte et bien connue au village. Pour Amanda, ce petit monde est un asile de fous qu’il faut quitter au plus vite. Mais sa fille Nina, de l’âge de David, tombe malade à son tour. Dans le récit, Nina est invisible, Amanda est malade et David lui parle. Il parle directement à son cerveau engourdi. D’où viennent les «vers» à l’origine de la maladie qui la ronge et dont David a été guéri par une forme hérétique de transsubstantiation, c’est toute la question. Samanta Schweblin écrit comme on pique une veine, distille une perfusion de suspense, déclenche des peurs enfouies, fait appel, sans rien dire de plus, aux mécanismes de rejet des différences, raconte l’instinct maternel et ses forcément monstrueuses défaillances. Récemment adapté par Netflix sous le même titre, Toxique se glissera quelque part entre le traité de tératologie et le thriller.

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