Culture

Fondées en 2019, les Editions Gore des Alpes poursuivent avec régularité la publication de livres d’horreur, c’est réjouissant. Gabriel Bender, l’auteur du n°1 de la collection (La chienne du Tzain Bernard) et désormais aussi celui du n°11. A la base, les faits sont historiques. Pendant treize ans, de 1857 à 1870, deux cents femmes de 8 à 60 ans sont la proie de phénomènes bizarres dans un village des Alpes françaises. Cette «épidémie d’hystéro-démonomanie» aura droit à deux colonnes dans le Grand dictionnaire universel Larousse et sera connue comme l’affaire des Possédées de Morzine. Gabriel Bender revisite l’histoire à sa manière, mélange d’érudition et d’imagination, la rattache à notre époque, la détache, l’explore, l’éclaire en direct, en contre-jour, en souligne les ombres. Il la prend, la mâche insolemment, la remâche, en fait finalement ce que bon lui semble. A la fin – mais au début aussi – les folles de Morzine nous sont bien plus sympathiques que tous les curés et les Autorités qui veulent les exorciser, les soigner, les faire rentrer dans les rangs de la normalité. La lecture du livre ne nous fait pas vraiment comprendre pourquoi, mais de toute manière, ce n’est pas ce qu’on lui demande. Ou quoi?