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La journaliste Claudia Rey s’interroge dans la «Neue Zürcher Zeitung» sur les penchants délateurs que suscite la crise du Covid. Elle déconseille aux autorités d’encourager les cafards.



Le commentaire commence par un fait divers. Une jeune femme a été violemment agressée sur un escalier roulant de la gare de Zurich. Personne n’a bougé. Même pas l’amie qui l’accompagnait.

Alors qu’il se trouve nombre de belles âmes qui se revendiquent du courage civique pour dénoncer les infractions aux règles sanitaires. La police zurichoise a reçu l’an passé 4'000 appels téléphoniques à ces fins. Un voisin qui reçoit trop de monde chez lui, telle ou telle personne qui ne porte pas le masque où il faudrait… La surcharge de travail des policiers ne permet pas toujours d’intervenir. Et ceux-ci appellent à la raison et à la retenue. Les délateurs restent le plus souvent anonymes. Quel courage!

En Nouvelle-Zélande la police a mis en place un site internet où chacun peut déverser ses dénonciations. Dans les premières 24 heures, il en arriva 4'000! En Allemagne les villes de Essen et Francfort ont eu la même idée. Il est possible d’y ajouter les photos des coupables de telles infractions. L’expéditeur peut rester anonyme. Grand succès.

Ces gardiens de la vertu administrative feraient mieux de s’adresser directement aux indisciplinés, pense un philosophe de la morale allemand, Stefan Gosepath. Mais il faut pour cela du courage.

Or celui-ci fait défaut. En particulier face à des situations graves comme une agression sexuelle. Une étude de l’institut Sotomo à Zurich fait apparaître que plus de 70% des personnes interrogées admettent que dans de telles circonstances, elles s’abstiendraient d’intervenir. La ville a mis en place un site qui permet aux femmes ainsi molestées de s’annoncer et à quiconque ayant remarqué un tel comportement de le faire aussi. Un simple clic!

Si la solidarité citoyenne est piteuse, la délation, elle a encore de beaux jours devant elle. Si la NZZ met en garde contre ces procédés, dissuade les autorités de les encourager, il se trouve une sociologue de l’université de Zurich, Katia Rost, pour affirmer: «Nous avons besoin de dénonciateurs parce qu’ils maintiennent les normes sociales.»


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