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Lu ailleurs / Aluminium: retour à la spéculation sur les stocks


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La demande est en recul, mais les stocks d'aluminium continuent d'augmenter. Un situation typique du marché en temps de crise: profitant de la faiblesse des prix du marché, certaines banques et de grands investisseurs accumulent d'énormes quantités de métal qu'ils revendent ensuite. Parmi les spéculateurs se distingue la multinationale suisse Glencore, rapporte le Wall Street Journal.



Les banques et les investisseurs de Wall Street ont parié sur l'aluminium dans l'espoir de faire des bénéfices, car les titres sur les marchés financiers ne garantissent pas des rendements très élevés pour le moment. Avec les négociants en matières premières, ils accumulent des réserves de ce métal, dont le marché a été durement touché par la crise liée à la pandémie du Covid-19.

Cela s'était déjà produit lors de la grande récession mondiale de 2009, avec un long train de conséquences pour le marché. Et on a le sentiment que l'histoire se répète.

Le prix du métal a chuté de 12 % à 1 589 dollars la tonne à la Bourse des métaux de Londres (LME pour London Metal Exchange), le plus grand marché du monde pour les métaux non ferreux.

Ceux qui accumulent des réserves vont essayer de les vendre lorsque les prix seront plus élevés, un système qui a suscité beaucoup de controverses après la crise de 2008/2009. A l'époque, Wall Street a spéculé sur l'aluminium, mais les producteurs de bière et de boissons gazeuses ont protesté contre le fait que cela gonflait les prix des produits souvent stockés dans des emballages en aluminium, explique le Wall Street Journal

L'aluminium est l'un des produits les mieux adaptés à ce type d'opération, car il ne se détériore pas, même s'il est stocké longtemps. Et il suffit de trouver un hangar préservé - qui se situe souvent en Chine.

Dans le passé, certains sites étaient tellement encombrés qu'il était devenu nécessaire d'attendre des mois pour procéder au recyclage de certains métaux une fois la crise économique passée.

Toujours selon le Wall Street Journal, les entreprises qui font le commerce des matières premières, comme la multinationale suisse Glencore (qui a écoulé 11 millions de tonnes d'aluminium l'an dernier), constituent des stocks et attendent de pouvoir vendre à un prix plus élevé. Pour de nombreuses banques et investisseurs, le marché de l'aluminium est surtout plus simple à gérer que celui du pétrole car le métal est ininflammable et plus facile à stocker, car il peut être conservé à l'extérieur.

Dans le passé, la banque JPMorgan avait été blanchie de toutes les accusations de manipulation dans les procès qui avaient été intentés contre elle en raison des longues attentes dans les dépôts des métaux, atermoiements soupçonnés d'être provoqués artificiellement. D'autres banques se sont également retrouvées sur le banc des accusés, notamment Goldman Sachs, une société propriétaire d'entrepôts comme Glencore et Pacorini Metals, et le LME lui-même. Aucune n'a été condamnée, écrivait à l'époque le journal financier italien Il Sole 24 Ore.

Aujourd'hui, JPMorgan n'est plus actif sur les marchés des matières premières physiques (la division a été vendue à la société commerciale suisse Mercuria en 2014).

En 2015, la superficie totale des entrepôts officiels du LME était de 5,3 millions de mètres carrés, alors qu'elle n'est plus aujourd'hui que de              180 000, souligne Andy Home, analyste chez Reuters. Il est toutefois significatif de constater une augmentation de 4,5 % des surfaces d'entreposage au cours des trois derniers mois: un signe qu'il existe une demande pour le stockage. Et cette demande pourrait bien être générée, au moins en partie, par la spéculation sur l'aluminium.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 26.07.2020 | 17h53

«Il est grand temps de légiférer pour interdire cela !»