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Chronique

Chronique / Et si l’été ne revenait pas….

Anna Décosterd

15 juin 2020

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Un billet d’humeur pour sourire de nos délires à l’ère de l’obsession alimentaire. Anna Décosterd est auteure du blog culinaire My Sweet Mouette et photographe culinaire autodidacte.



Et si l’été ne revenait pas? C’est une question que je me suis beaucoup posée dernièrement. Pas parce que la météo est pourrie, mais pour cause d’une drôle de sensation de tristesse qui met bien du temps à me quitter après les supposées joies du confinement, auxquelles je n’ai eu aucun plaisir à goûter.

Ce qui me manque? Ce sentiment de légèreté, de détente et de joie de vivre qui signait invariablement l’entrée dans la «belle» saison. Que sont nos plaisirs d’été devenus? Cet été, l’attendons-nous seulement depuis l’année dernière ou plutôt depuis un siècle?  Entre terreur virale toujours très présente, actes racistes ignobles et retour de la menace écologique servie à la louche à qui veut l’entendre, une sorte de lassitude s’agrippe à chacun de mes pas.

C’est lourd, la vie, en ce moment. Pourrai-je une nouvelle fois prendre un café en terrasse, ouvrir un magazine culinaire, l’étudier au point de tout oublier, attraper un coup de soleil, me dire «ah ben oui, j’aurais dû y penser, c’est l’été?» Arriverai-je encore à sourire bêtement aux passants, la tête remplie d’idées pour mes prochaines créations estampillées «cuisine des beaux jours?» Je ne sais pas, je ne sais plus, voici que la panique peu à peu m’envahit…

Oui c’est vrai, j’en ai marre de la chape moralisatrice ambiante. Et je n’aime pas renoncer sans avoir combattu. J’ai donc décidé de dresser une liste gourmande, parfaitement subjective et personnelle de ce qui redonne le sourire ces dernières semaines à une Lausannoise qui aime autant manger que flâner. Si vous ne l’avez jamais fait, essayez l’exercice: c’est tout bête, un peu «américain» mais peut s’avérer efficace en cas de coup de mou tenace (ça marche aussi si vous n’êtes pas Lausannois, pas de souci). La voici:

1. Le marché est revenu! A Lausanne, il s’est même agrandi, et ma foi, c’est assez réussi. Sur la place Pépinet, les stands de plantes et de fleurs regroupés sont du plus joli effet. Les fruits et les légumes font oublier barrières et files et il y a des «petits nouveaux» avec de chouettes produits.

2. Lausanne se «méditerranéeise» selon la formule de nos élus. La ville a été pionnière dans l’autorisation de l’extension des terrasses, et c’est un gros succès. Si ailleurs en Suisse les terrasses font partie depuis longtemps de l’âme des centre-ville animés, les places étaient chères à Lausanne, allez savoir pourquoi. Après des mois de silence mortifère, de rues vides et de rideaux tirés, voir des terrasses animées s’étaler sur la moindre placette, ruelle ou trottoir me réconcilie avec la vie. A vrai dire, cela fait bien longtemps que j’attendais ce changement. Allez, un bon point pour le coronamachin.

3. Les cerises sont arrivées super tôt. Tout comme les fraises et les tomates. A moi les salades, gratins et autres clafoutis. J’ai même ressorti mon cabas rose à paillettes, histoire de parfaire la fête.

4. Privés de Sud, les magazines culinaires nous emmènent au Nord. Si admirer les ambiances version «Grande Bleue» me rend indolente, plonger dans les prises de vues des plages de l’Atlantique possède au contraire des vertus tonifiantes. Un vrai changement de programme! Et puis, sur les côtes du Nord, on arrive enfin à maîtriser la surpêche et la destruction des écosystèmes et ça, c’est une vraie bonne nouvelle. Au point de me mettre à rêver de goûter enfin à une araignée de mer sans arrière-pensées. Patience, patience, tout vient à point à qui sait attendre.

 

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