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Lu ailleurs / En Espagne, l'éducation fait débat


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Une initiative appelée “Pin parental” ou “veto parental” a été proposée par le parti d'extrême droite Vox. La mesure qui a été mise en œuvre à Murcie oblige les écoles à informer les familles de toutes les activités complémentaires organisées pendant les heures de cours, et établit le droit des parents à donner, ou non, leur consentement pour chaque atelier scolaire. Le journal espagnol El País explique pourquoi certains ateliers sont aujourd'hui contestés.



Il y a une question que beaucoup d'Espagnols se posent en ce moment: la société doit-elle faire davantage confiance aux parents ou à l'État?

Tout a commencé à Murcie, région gouvernée par une coalition formée par le Partido Popular de droite et Ciudadanos, de centre droit avec le soutien parlementaire du parti d’extrême droite Vox.

Ce dernier a fait son entrée sur la scène politique espagnole en 2018. Lors de son arrivée au Parlement andalou, il a utilisé des arguments tels que l'unité de l'Espagne face à la contestation de l'indépendance catalane ou les risques de l'immigration incontrôlée. Vox introduit maintenant l'éducation dans le débat politique au nom de la

«liberté» des parents, face à «l'endoctrinement» dont il estime la gauche responsable.

En septembre dernier, Murcie est devenue la première région autonome à mettre en œuvre le veto parental. Le Ministère de l'éducation, aux mains du Parti Populaire (PP), a inclus parmi les directives qu'il a envoyées aux écoles, la nécessité pour les familles de donner leur consentement explicite à la participation de leurs enfants aux activités complémentaires (pas nécessairement liées au contenu des programmes scolaires, mais qui sont obligatoires et peuvent être évaluées).

Pour le journal El País, l’intention de la formation d'extrême droite est claire: s'attaquer aux discours qui tentent d'informer les élèves sur des sujets tels que le harcèlement, l'homophobie, les abus sexuels ou les filles-mères.

Les organisations et associations qui donnent des ateliers à l'intérieur et à l'extérieur de Murcie ont été signalées par Vox et ressentent les effets de cette contestation.

Parmi les ateliers touchés par cette controverse, El País signale qu’en Navarre il existe depuis 2017 «Skolae», un Programme d'éducation affectivo-sexuelle, qui vise à aborder ce sujet avec les élèves qui sont issus de différents milieux sociaux. Avec plusieurs objectifs clés: comprendre la sexualité comme «une dimension fondamentale de nos vies»; «incorporer l'affection comme un axe transversal de la sexualité»; prendre en compte la diversité sexuelle, de genre et de famille; concevoir le corps comme «un espace de liberté et libre de canons de beauté»; vivre la sexualité «de manière positive, mais avec responsabilité» et «construire des relations et de l'amour à partir du respect et de la diversité».

Le tumulte créé après l'approbation de ce programme a été tel que la Confédération catholique nationale des parents d'élèves (Concapa) l'a porté devant les tribunaux. Une année s'est écoulée et aucun jeu érotique - ainsi compris par les secteurs les plus conservateurs - n'a été imposé dans les écoles de Navarre. Au contraire, Skolae a reçu plusieurs récompenses, dont le prestigieux prix international Éducation pour les femmes et les filles 2019 de l'UNESCO.

Les conséquences de cette mesure sur les professionnels de l’éducation sont, entre autres, de la diffamation, des menaces, des persécutions et des campagnes haineuses sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement central de Madrid a donné un ultimatum à la communauté autonome de Murcie dernièrement: les autorités ont un mois pour retirer leur veto parental.


Pour lire l’article original en espagnol, c'est par ici

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Lagom 28.01.2020 | 00h59

«J'aurais bien aimé que ce puissant veto parental avait existé seulement pendant une journée à une école publique genevoise il y a 5 ans, quand un prof avait projeté, sans demander la permission aux parents, un film sur les atrocités commises dans certains abattoirs à l'étranger. A la afin de la projection l'un des mes enfants (13-14 ans) est devenu végétarien et nous vivons dans les conséquences de cet acte irresponsable de l'école. Il ne faut pas craindre le contrôle parental mais plutôt craindre la gauche à l'instruction publique.»