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Analyse / Quelle gauche?

Bon pour la tête

20 janvier 2020

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Politique identitaire ou question sociale? «Climate first» ou lutte des classes? Des débats stériles freinent la gauche politique occidentale depuis bien trop longtemps. Ce qu’il lui faut, c’est une réflexion en réseau, pas des fausses oppositions.




Un essai de Daniel Graf , publié le 10 janvier 2020 sur le site d'information Republik et traduit par Marta Czarska.


L’échauffement

Représentons-nous, l’espace d’un instant, la social-démocratie comme un joueur de football. Appelons-le Rainer. Jadis, au XXe siècle, Rainer était le grand chouchou du public du FC Gauche. Il portait le maillot rouge avec le logo du club «SOCIAL» avec la même fierté que jadis son père, et les fans du FC Gauche avaient à cœur la même chose que lui: être au taquet. Esprit d’équipe. Boulettes et bière.

Et puis, juste lorsqu'il avait déjà fait subir quelques défaites historiques au Club Capital, arrivait sur le banc d'entraineur ce Schröderblair qui modifia la tactique. Rainer et les gars devaient soudain passer au jaune, et le logo avec la devise «SOCIAL» était banni du jeu et n’était plus exhibé que comme médaille d’honneur le dimanche dans le salon des VIP. Rainer dirait aujourd’hui: étonnamment tard, les fans commencèrent à se détourner de lui et de son équipe, et de plus en plus de supporters ajoutaient sur le logo un A devant le slogan et un point d'exclamation derrière. C’était un coup au cœur, mais Rainer pouvait comprendre les gens: bon sang, ils avaient bien raison. Il n’était pas le seul à vouloir récupérer son maillot rouge.

Quelques changements d'entraineurs plus tard et après une interminable série de défaites, il était enfin temps d’imprimer le slogan en gras sur le maillot. Mais entretemps, le monde avait changé, tout comme le FC Gauche.

Une autre équipe d’alors, qui jouait jadis 3 ligues plus bas en maillot vert avec le risible slogan «CLIMAT», était soudain devenue leur égale, se démarquant même mieux dans certains tournois. Et cela malgré le fait que, certains disaient même: parce que, il y avait bien plus de femmes dans l’équipe.

Et les fans? Ils ne parlaient plus que des verts. Les mêmes qui, avant, à chaque match de coupe, s’excitaient au stade ou devant leurs écrans au cri de guerre «SOCIAL - en finale!», préféraient désormais enfiler les maillots de l’équipe «CLIMAT». Juste parce que le climat était soudain devenu un bon filon.

Mais une chose troublait vraiment Rainer. Il y avait aussi cette équipe, les multicolores. Ils étaient soudain partout avec leur maillots arc-en-ciel, même si le terme «politique identitaire» semblait déjà être délirant, en tout cas après les boulettes et la bière, et surtout pas comme quelque chose qui pouvait faire rimer match de barrage avec un cri de guerre convenable.

Mais d’où venez-vous donc? demandait Rainer, et les multicolores répondaient: nous sommes là depuis longtemps, mais avant, nous ne pouvions être que spectateurs, mais maintenant nous aussi, nous participons volontiers au jeu. Naturellement, les multicolores l'exprimaient en vérité d'une façon bien plus compliquée et récoltaient aussi les applaudissement des maillots verts. Même certains des anciens fans de Rainer exultaient. De même que les rouges de l’équipe des juniors.

Non, Rainer n'avait au fond rien contre les verts et rien non plus contre les multicolores, mais lorsqu’il s’asseyait avec les hommes de jadis, avec ceux qui ne faisaient pas flotter leur bannière sous ce nouveau vent, ils étaient bien tous d'accord sur une chose. Il faudrait à nouveau se concentrer sur l’essentiel, il faudrait crier haut et fort: question sociale au lieu du bla-bla identitaire!

A ce stade, alors que l'histoire de Rainer n'est pas terminée, vous criez, chers lecteurs, de votre côté de l’écran: Assez de ces bêtises! Ce ne sont que des fractions artificielles!

Vous voyez, on s’est compris.

Premier match: question sociale et identité

Si la gauche politique veut survivre dans cette nouvelle décennie, elle ferait bien de considérer quelques débats sectaires stériles de ces derniers temps comme une «phase d’orientation» et les reléguer loin d'elle, dans la chronique des années 2010. Cela vaut surtout pour la formule «Question sociale vs. X».

Oui, face à l’éclatante inégalité sociale et après des décennies de destruction néolibérale, elle a d’urgence besoin d’un contre-programme politique. Mais une politique qui veut jouer exclusivement sur la lutte des classes est dépassée.

Aujourd’hui, la politique de gauche sera jaugée à l'aune de sa résolution de trois grandes questions actuelles: la question sociale, la crise climatique et les diverses problématiques de justice réunies sous le label «politique identitaire». Et si l’on observe par exemple le PS suisse, les Verts européens ou la fraction Kipping-Bartsch de la gauche allemande, si l’on écoute les activistes de Fridays for Future, les nouvelles voix du SPD ou les institutions apolitiques en Suisse et en Allemagne on peut dire: bien des gens l’ont compris depuis longtemps déjà.

Bien sûr, il faut et on doit débattre de ce que la politique de gauche signifie aujourd’hui. Mais au lieu de débattre continuellement sur le mode du «soit/soit», on pourrait pour une fois à nouveau s’interroger sur le joli petit mot «et».

Aucun des grands débats de ces derniers temps n’en était plus éloigné, aucun ne fût mené avec tant d’ardeur que le duel décisif, plus que stérile, portant le nom «question sociale ou politique identitaire de gauche?». Comme s’il fallait, pour réaliser l’une, abandonner l'autre. Et comme si l’inégalité sociale et les diverses formes de discrimination n’étaient pas toutes deux des défis complexes qui nécessitent des réponses intelligentes au lieu de jouer l’un contre l’autre.

Republik a pris position régulièrement dans ce débat, essayé d’ouvrir des perspectives au-delà des fausses oppositions et expliqué en détail pourquoi le tapage généralisé autour du politiquement correct et la politique identitaire de gauche sont condamnés à l’échec même s’ils proviennent de la gauche. (Du côté de la droite, ce genre de débat semble se limiter à un copier/coller de la même polémique.)

Comme il n’y a pas grand-chose à y ajouter, juste deux remarques sur les reproches courants faits à la politique identitaire.

L’objection numéro 1 sonne en substance ainsi: la politique identitaire est le terrain de jeu d’égocentriques qui élèvent les soucis personnels d’une minorité au-delà de la société.

En fait, c'est tout le contraire. La société majoritaire laisse bien trop souvent aux minorités (par exemple aux femmes) le soin d’attirer l'attention sur les expériences réelles de discrimination, les menaces tangibles, la violence verbale et physique au sein de notre société, au lieu de s’y opposer activement à leurs côtés lorsque les valeurs élémentaires de notre communauté à tous sont touchées.

Il dépend de nous que la politique identitaire d’émancipation soit le problème d’un Moi directement concerné ou qu’elle soit comprise comme une éthique du Toi - en lien avec la question de savoir comment nous voulons vivre. Les luttes contre le racisme, l’antisémitisme, la misogynie, l’homophobie et la transphobie ne sont pas des intérêts de particuliers, mais nous rappellent les promesses fondamentales de notre démocratie, en permanence attaquées et minées. Une politique de la gauche qui ne transmet pas suffisamment qu’elle y est attachée n’aura pas d’avenir, même si elle pose les bonnes questions sociopolitiques - voir Corbyn, voir l’échec du mouvement allemand «Aufstehen».

Reproche numéro 2: La politique identitaire promeut la culture de la révolte et la pensée manichéenne, aussi parce qu’elle est défendue aveuglement à gauche, sans jamais être critiquée.

En vérité, le débat s'accompagne depuis des années d’une critique constante et différenciée, comme on peut le voir dans les livres de Kwame Anthony Appiah, Tristan Garcia ou dans le recueil très recommandable «Trigger Warnung». Le trio d’éditeurs de ce dernier, Eva Berendsen, Saba-Nur Cheema et Meron Mendel, font la distinction entre les enjeux principaux de la politique identitaire, dont ils ne remettent pas en question la pertinence, et un courant qu’ils décrivent comme «une politique identitaire vulgaire aux accents fondamentalistes». Ils entendent par là, par exemple, des règles de langage dogmatiques, qui ne permettent plus qu’une seule représentation adéquate d'expression, peu importe quel soit le niveau de formation des locuteurs et l’intention de leur discours. On empêche ainsi des partisans potentiels, qui n’auront pas suivi toute la réflexion académique sous-jacente, de prendre la parole - un très mauvais service à se rendre.

Ainsi, contrairement aux tentatives hostiles de délégitimation, la critique solidaire est constructive. Elle critique, lorsque des questions légitimes sont invoquées par des moyens problématiques, elle nuance les analyses et les arguments, elle s’efforce d’écouter et de poursuivre la réflexion. Tandis que les polémistes de droite sont avides de cas extrêmes et sensationnels, dans le très évident but de discréditer, grâce à une caricature instrumentalisée, la politique identitaire de gauche en tant que telle.

On y reconnait une stratégie pour s’assurer quelques privilèges et détourner la critique des rapports de force dominants. La gauche classique devrait pouvoir reconnaitre de telles stratégies. Mais lorsque les opposants de gauche à la politique identitaire opposent la question sociale aux problématiques antiracistes et antisexistes, ils font le jeu de la droite et les aident à appliquer le principe du «diviser pour régner». Ils oublient que la question de la justice a de nombreuses facettes, pas seulement économiques.

Et pourquoi donc, demandent Emma Dowling, Silke van Dyk et Stefanie Graefe dans un excellent essai, les problèmes des travailleurs blancs de sexe masculin relèvent de la lutte des classes, tandis que «les luttes des femmes, des noirs ou des gays/lesbiennes» sont artificiellement écartées de la question sociale en étant qualifiées de «luttes de politique identitaire»?

L’inégalité et la marginalisation ont aussi souvent des conséquences économiques tangibles, comme dans le fameux exemple de l’inégalité des revenus entre hommes et femmes. Comme il est déjà impossible de séparer les questions sociales et identitaires dans la vie d’une travailleuse de couleur, le défi consiste à réfléchir à la complexité de telles délimitations et à se demander quelles solutions politiques doivent y être apportées. Sans oublier qu’une gauche moderne devrait être en mesure de répondre aux questions de justice de tous ceux qui n’appartiennent pas à la classe des travailleurs.

Bref, face à la réalité d’une société pluraliste, la gauche ferait bien de se comprendre comme la «voix de tous les défavorisés», au lieu de créer inutilement, dans une logique de concurrence, ou même d'exclusion, des barrières entre les diverses problématiques. Ce n'est qu’en abandonnant l’alternative entre politique sociale et politique identitaire qu’une discussion sensée sur les défis politiques identitaires pourra avoir lieu, sur des questions de faits politiques concrètes, mais aussi en prenant en compte l’opinion publique démocratique et la culture du débat.

Par qu’il faut bien le dire, les débats de la politique identitaire n’ont souvent pas lieu au niveau strictement politique, à savoir dans le cadre de la législation et des décisions parlementaires. Ils traitent aussi de questions de société et de culture, comme pour la féminisation des substantifs ou des disputes sur l’appropriation culturelle dans l'art. La gauche ne devrait ni s'en détourner, en la considérant comme apolitique, ni se dépenser à fond dans cette partie du débat.

En effet, même en étant un partisan convaincu d’un langage politiquement correct, on peut se demander jusqu’où une dispute à propos d'un choix terminologique doit aller, et se rappeler par la même occasion que l’engagement pour les mêmes principes fondamentaux devrait aussi valoir pour les initiatives législatives et la lutte pour les droits politiques. Pour renforcer les minorités par exemple, outre un langage respectueux, le droit de vote. Car c'est un défaut notable de la démocratie, que des personnes étrangères qui vivent depuis des années dans un pays et l’ont depuis longtemps choisi comme le leur, n’aient pas de droits politiques.

C'est donc aussi une question de politisation de la politique identitaire. Et des priorités dans le choix des moyens. Cela suppose avant tout qu’il ne faut pas constamment revoir la légitimité fondamentale des questions de politique identitaire.

En outre, comme on peut aussi le lire dans «Trigger Warnung», il nous faut d’urgence une culture de la tolérance des erreurs pour contrecarrer une culture de l’indignation dogmatique et éviter l’apologétique.

Cela aussi est plus une question culturelle que strictement politique. Mais une politique favorablement perçue et l’identification à une offre politique ne naissent pas seulement grâce à un programme. Il est dès lors essentiel pour la gauche, à une époque où la nouvelle droite menace notre démocratie, de toujours préciser: «Nous sommes résolument opposés à toute forme de misanthropie à l’égard de groupes. Il ne faut pas compter sur nous pour monter les uns contre les autres. Pas même quand nous posons la question sociale».

Deuxième match: Climat et justice

Comparés à la dispute identitaire, les conflits entre politique sociale et politique climatique sont jusqu’à présent restés décents. L’écologie fait depuis trop longtemps partie du programme fondamental des partis de gauche, les rouges et les verts sont depuis trop longtemps des partenaires politiques, pour qu’il y ait à craindre ici des incompatibilités catégoriques et sérieuses.

Et pourtant, une tension latente se manifeste tant dans les questions de faits que dans le quotidien de la concurrence entre partis. Les sociaux-démocrates ne peuvent pas être indifférents aux échecs électoraux qu’ils encaissent coup sur coup au niveau européens alors que les Verts ont le vent en poupe, aussi grâce à des voix jadis rouges. «A gauche, peu importe pour qui» n’est un slogan porteur pour aucun parti politique.

En Suisse, où les sociaux-démocrates ont déjà un fort profil écologique, où le rapport des forces entre PS et les Verts est stable et les transferts des électeurs sont moindre qu’ailleurs, le regroupement est encore relativement léger. En Allemagne, par contre, malgré un bilan récent misérable, le parti des écologistes, encore considéré comme pionnier du mouvement climatique, devance depuis longtemps les deux autres partis rouges; lorsque les électeurs et les Verts célèbrent leurs derniers succès, le SPD fait figure d’amant délaissé. Faut-ils s’en étonner, quand les sociaux-démocrates contemplent parfois la vague verte avec des sentiments partagés?

En effet, la crise climatique fait aussi ressortir les différences entre les rouges et les verts au niveau socio-électoral, en particulier dans les pays à charbon comme l’Allemagne, où les électeurs des sociaux-démocrates sont estampillés amis du secteur minier. Le SPD tombe ainsi inévitablement dans le dilemme entre les attentes de sa clientèle et la conscience écologique. La pression sur le SPD augmente à chaque nouvelle victoire du mouvement pour le climat. Et comme il y a des personnes futées qui le saisissent parfois, on pouvait lire à la fin de l'année du climat 2019 dans une fameuse tribune que la social-démocratie devrait «vite disparaitre de la politique» pour le bien de l'environnement. Ou comme le disait le grand titre: «Le SPD doit mourir pour que nous puissions vivre» (titre modifié depuis en «Le SPD? Il peut dégager!»).

La social-démocratie doit disparaitre? Dans tous les cas pour le plaisir de la provocation. Rien n'est plus erroné que cette phrase.

La devise centrale de la politique du futur devrait plutôt être: la question climatique est une question sociale. La notion politique de loin la plus importante dans les années à venir est la «justice climatique».

La logique d'exploitation du capitalisme actuel ne s’exprime nulle part de manière aussi drastique que dans la crise climatique, et ce à double titre: dans la surexploitation effrénée de la nature et sous la forme de l’inégalité radicale à l’échelle mondiale.

On voit aujourd’hui déjà que la tendance est que les pays les plus pauvres de la terre (et à l'intérieur des nations, les populations les plus démunies) sont les plus touchés par les dégâts du changement climatique, tout simplement en raison du manque d'une protection efficace contre les catastrophes et parce que les habitants n’ont pas les moyens de fuir vers les régions du monde où la prospérité est encore suffisante pour que les phénomènes extrêmes soient moins menaçants.

La communauté mondiale devra donc mobiliser toujours plus de nouvelles aides. Ensuite, la politique climatique internationale devra expliquer aux pays émergents pourquoi, au nom de la protection du climat, ils devraient renoncer à l’exploitation des ressources auxquelles les pays industrialisés doivent leur prospérité. Cela sera impossible à réaliser sans prestations compensatoires. Voilà la dimension internationale du problème.

Des taxes écologiques de Macron aux hausses galopantes du prix de l’essence en Iran, on voit aussi les phénomènes internes à un pays donné: là où les mesures politiques touchent la vie quotidienne et pèsent sur ce que l’on appelle le petit peuple, une véhémente protestation est à craindre, car elles portent aussi profondément atteinte au sentiment de justice. Surtout en matière de politique climatique, où des actions décisives sont inévitables, cela signifie qu’il n’y a aucune chance d'acceptation d'une politique écologique sans le corollaire de justice sociale.

Les démocrates américains Alexandria Ocasio-Cortez et Edward Markey ont établi cette nécessité dans un programme politique sous le slogan «Green New Deal». Ce concept connait un succès populaire grandissant au niveau mondial, entre autres grâce aux best-sellers internationaux d'auteurs comme Naomi Klein et Jeremy Rifkin. (Notre débat à ce sujet ici, N.d.R.) Par nature, les idées et les mesures spécifiques concrètes tendent à s’éloigner. Pour lutter contre les énormes défis de la crise climatique de façon socialement supportable, il faut avant tout, outre de nouvelles stratégies de subventions et d’investissements, une politique fiscale fondamentalement nouvelle qui obligerait tous, aussi et en particulier les plus forts financièrement, à payer leur dû. Et donc concrètement: impôt sur la fortune, impôt sur la richesse, taxe incitative avec redistribution, sans oublier la lutte contre cet euphémisme qu’est «l’évasion fiscale».

Autrement dit, les exigences de la politique climatique recouvrent assez exactement ce que Thomas Piketty conclut dans son analyse Capital et inégalité.

Le monde n’a jamais autant eu besoin qu’aujourd’hui d’une réponse sociale-démocratique à la crise climatique et aux inégalités mondiales. La question n'est dès lors pas si écologie et politique sociale sont compatibles. La question pressante est bien plus de savoir comment, après le désastre de la conférence de Madrid et face à l'absence d'une politique sociale supranationale, résoudre à temps les questions de justice de la crise climatique. En outre, ce sera plus difficile à réaliser que le folklore du travailleur blanc et de la lutte des classes.

La finale: quelle gauche?

La réponse ne peut qu’être: plusieurs. La démocratie, sapée au niveau mondial par l’inégalité sociale, menacée dans ses standards civilisationnels par la nouvelle droite et qui fait montre jusqu’ici d'une incapacité d’action éclatante dans la crise climatique, a amèrement besoin d’une gauche politiquement variée. C'est pourquoi la faible approche «soit/soit» équivaut à de la paresse.

Au lieu d’affirmer des prétendues incompatibilités catégoriques, il faut raisonner en réseau. Ce qui signifie concrètement, d’une part, qu’il faut former des alliances stratégiques et circonstancielles avec les forces démocratiques externes au spectre de la gauche. Cela signifie, d'autre part, qu’il faut se limiter à quelques grandes questions afin d’y apporter les meilleurs solutions politiques au lieu de mener des débats fondamentaux - sectaires.

Une politique progressiste qui veut répondre de manière adéquate aux réalités sociales et aux défis du présent doit obligatoirement être sociale et écologique et antiraciste et féministe, elle doit s’engager pour une politique des réfugiés humaine, pour l’égalité des genres et pour la responsabilité postcoloniale. Elle a dans le même temps besoin de tolérance afin de résister aux diverses conceptions de l’ordre et des notions de cette énumération.

En bref, elle doit à nouveau prendre le terme «de gauche» au sérieux. La meilleure traduction serait: justice. Ce n'est pas un singulier, c'est un principe directeur. Et c'est le défi auquel notre société se mesure en ce moment. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 16.02.2020 | 15h32

«La justice sociale devra être le phare de cette décennie !»


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