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A vif

A vif / Annie Leibovitz, reine d'Arles

Luc Debraine

7 juillet 2017

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Chaque jour, un écho des Rencontres de la photographie d’Arles, en Provence. Le festival, en pleine semaine d'ouverture, est marqué comme d’accoutumée par une forte présence suisse. Aujourd’hui, l'exposition titanesque d'Annie Leibovitz à la Fondation Luma, dans la Grande Halle du parc des Ateliers. Un road trip en 3000 photos, avec Mick Jagger ou Norman Mailer au volant.



C’est une exposition «off» plutôt que «in». Elle n’est pas pleinement intégrée au programme officiel des Rencontres d’Arles 2017, mais comme elle est proposée sur place, à la Fondation Luma de Maja Hoffmann, c’est tout comme. Grâce à son Programme d’archives vivantes, Luma a acquis le vaste fonds d’Annie Leibovitz, en particulier les premières années professionnelles de la photographe américaine.

Annie Leibovitz a commencé très jeune, alors qu’elle était encore étudiante à l’Ecole d’art de San Francisco, à travailler pour le magazine Rolling Stone. Influencée par Cartier-Bresson et Robert Frank, elle prend la route en compagnie des ténors du Nouveau Journalisme (Hunter S. Thompson, Tom Wolfe ou Norman Mailer). «J’avais un cadre rectangulaire en guise de regard, complètement obsédée par le désir de prendre des photos», racontait Annie Leibovitz jeudi soir dans le Théâtre antique d’Arles, où elle projetait ses images.

Elle prend la route avec les Rolling Stones, le Grateful Dead, Bruce Springsteen, les Beach Boys, Jefferson Airplane. «Route» n’est pas un vain mot: sur le siège passager, Annie Leibovitz shoote Brian Wilson, Mick Jagger, Peter Falk, Martin Sheen, Wim Wenders, Tommy Lee Jones, Marvin Gaye ou Nick Nolte au volant. «On the road again», le tropisme américain par excellence.

Au plus près de ses sujets

Titanesque, en plus de 3000 photos alignées par rangs serrés, l’exposition est un voyage dans les Etats-Unis des années 1970. C’est un long récit avec un début en compagnie de la naissance d’un magazine rock et une fin à l'orée des 80's. Une histoire entremêlée de photos plus intimes, de ses parents par exemple. Ou l’exercice d’admiration qui consiste à surprendre Robert Frank en train de filmer «Cocksucker Blues».

Les photos? Du reportage énergique, au plus près de ses sujets, en noir et blanc, rarement en couleur. Une proximité inimaginable aujourd’hui, où la presse est tenue à distance des stars par des cohortes de communicants et des services d’ordre. «Le noir et blanc de ces années-là était l’esquisse préparatoire de ce que j’ai fait plus tard, qui était beaucoup plus formaliste, notait l’autre soir Annie Leibovitz. Mais il était plein de vie. La photo numérique dont je tire aujourd’hui parti est beaucoup moins réelle». Bel aveu de lucidité, tant on peut préférer les débuts rugueux d’Annie Leibovitz à ses portraits hollywoodiens d’aujourd’hui. Question de goût.







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