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Chronique

Chronique / Grève du sexe, distinctions refusées, des seins contre les saints


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L’actrice américaine Alyssa Milano préconise une grève du sexe que beaucoup de féministes rejettent. Des artistes français refusent d’être honorés par un gouvernement dont ils dénoncent les agissements. A Jérusalem, des femmes en soutien-gorge font fuir des ultra-orthodoxes religieux.



Pour qui, comme moi, constate que la lutte des classes a toujours lieu – même si les grands bourgeois qui dominent le monde remportent bataille après bataille, la grève est une arme indispensable. A priori, celle des femmes programmée le 14 juin a donc toute ma sympathie. Mais c’est surtout la grève du sexe voulue par l’actrice américaine Alyssa Milano que je soutiens à 100%, ce d’autant qu’elle est presque unanimement décriée. Des féministes s’en offusquent, sous prétexte que cela ferait du corps féminin un objet de marchandage. Elles semblent ignorer que culturellement, et parfois inconsciemment, les hommes continuent de penser que le sexe des femmes leur est dû. Voilà au moins dix mille ans que c'est ainsi et il faudra encore plusieurs générations pour que ça change. La réalisatrice française Ovidie a exprimé un intéressant point de vue sur cette grève dans le Nouvel Obs: «Dès le plus jeune âge, nous apprenons aux jeunes filles à ne pas avoir de rapports sexuels pour leur propre plaisir mais en échange de quelque chose: l’amour, la revalorisation, la validation à travers le regard masculin, un confort matériel, une position sociale... » De plus, cette grève aurait un grand avantage, celui d’encourager les hommes (et aussi les femmes) à explorer d’autres pratiques que les classiques de l’hétérosexualité. 

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Il n’y a pas que la grève du sexe, il y a aussi celle des récompenses officielles. Le scénariste de BD Wilfrid Lupano a refusé la médaille des Arts et des Lettres que voulait lui remettre le ministre français de la culture: «Comment accepter la moindre distinction de la part d’un gouvernement qui, en tout point, me fait honte?», a-t-il écrit au ministre, selon le Nouvel Obs. Il y a quelques temps, c’est l’humoriste Blanche Gardin qui avait refusé sa nomination à l’ordre des Arts et des lettres (elle, j’en suis raide dingue, dommage qu’elle n’ait pas 20 ans de plus et que la grève du sexe empêche tout rapprochement physique entre nous). Il y en a eu d’autres avant eux, comme l’auteur de BD Jacques Tardi qui, en 2013, avait refusé la Légion d’honneur pour «rester un homme libre». Je trouve ça épatant, alors que tant d’artistes sont prêts à tous les compromis pour une subvention ou une reconnaissance officielle.          

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Pour en revenir aux femmes et à leur sexualité, cette nouvelle parue dans le Times of Israël m’a réjoui: «Des manifestants haredi dispersés à Jérusalem par des femmes en soutien-gorge». Les haredi sont des ultra-orthodoxes religieux et ils manifestaient contre l’Eurovison, qui cette année avait lieu en Israël. La police ne parvenait pas à les disperser lorsque quatre femmes se sont dévêtues, obligeant les manifestants à décamper, car il leur est interdit de regarder des femmes impudiques (dommage qu’il n’y ait pas un truc aussi simple pour faire partir les colons israéliens des territoires qu’ils occupent en Palestine)…

Qu’elles s’en servent pour effrayer les culs bénits ou qu’elles en privent les hommes, les femmes ont, avec leur sexe, un pouvoir dont elles auraient tort de se priver.         

Comme la migraine.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 06.07.2019 | 16h03

«Bien dit »