Lu ailleurs / Planquez-vous, les requins débarquent!
Dans un article publié il y a quelques mois par le Telegraph, on apprend que des grands requins blancs vogueront près des côtes britanniques d’ici 2050. Stupeur et tremblements!
De dangereux prédateurs tels que le grand requin blanc et le requin longimane pourraient nager près des plages des Cornouailles (extrême sud-ouest de l'Angleterre) d’ici une trentaine d’années, nous prévient l’article du journal britannique. Selon une étude menée par le Docteur Ken Collins, chercheur à l’université de Southampton, le réchauffement des eaux du globe est un vecteur dominant dans la migration de ces poissons qui avaient évité les basses températures jusqu’ici.
Une dizaine d’espèces de requins pourraient venir régulièrement se balader dans la Manche, comme les requins marteaux, les requins à pointes noires et les requins des sables, qui ont d’ailleurs déjà été observés près des côtes espagnoles et portugaises. Une information qui a de quoi inquiéter, sauf que…
Sauf que, proportionnellement au nombre de baigneurs qui est en constante croissance, le nombre d’attaques de requins dans le monde est en baisse. En 2016, on relevait 124 attaques, dont 8 mortelles. La majorité ont eu lieu aux Etats-Unis et principalement en Floride, mais la moitié des attaques létales se sont produites sur le territoire français: à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, selon Planetoscope. Souvent, il s’agit de surfeurs qui sont pris pour des otaries ou des tortues. En somme, on a plus de chance de se faire frapper par la foudre que de se faire attaquer par un requin, qui est bien moins dangereux pour l’homme que le chien, la vache, la méduse et bien sûr la guêpe et le moustique, entre autres. En fait, ce poisson est en voie de disparition, puisqu’une moyenne de 100 millions de requins sont tués chaque année.
Traitement ignoble
En 60 ans, 90% des requins ont disparu. L’homme est parvenu à conduire droit vers l’extinction l’animal marin le plus vieux de la planète, puisqu’il existe depuis 400 millions d’années. En plus des battues vengeresses et de la pêche à outrance, le «shark finning» est la principale cause du déclin du squale. Cette pratique, qui consiste à couper les ailerons du requin pour en faire de la soupe très prisée en Asie, est particulièrement barbare puisque les ailerons sont découpés alors que l’animal est encore vivant et parfaitement conscient. Il est ensuite rejeté à la mer et agonise lentement pendant plusieurs jours, paralysé, jusqu’à ce qu’il se soit vidé de son sang. Ce traitement d’une insoutenable cruauté est interdit dans plusieurs pays (comme le Canada et le Costa Rica, ndlr), mais les contrôles sont quasi inexistants et l’opinion publique s’en moque puisque le requin est considéré comme un effrayant mangeur d’hommes.
Quelques chiffres. © Planetoscope
La star des Dents de la mer de Spielberg, dépeint comme un animal mauvais, agressif et vengeur, a bien mauvaise réputation. «Il est l’animal le plus calomnié de la Terre», disait Jacques-Yves Cousteau. Pourtant, c'est un élément indispensable de l’écosystème, cruellement méconnu et scandaleusement décrié par l’opinion publique, qui préfère laisser l’émotion et la peur supplanter la connaissance et la réflexion. L’océan est le poumon de la planète et le requin règne sur ce poumon. Il régule sa faune et sa flore. Selon les spécialistes, sa disparition aurait des conséquences catastrophiques pour l’écosystème.
Or, le requin est aussi capital pour l’environnement que fascinant à découvrir lorsqu’on fait l’effort de s’y intéresser. Son mode de gestation varie en fonction des espèces. Certaines pondent des œufs quand d’autres mettent bas, comme les mammifères. Le requin est également doté d’un sixième sens: des électro-récepteurs appelés ampoules de Lorenzi, qui lui permettent de capter des champs électriques très faibles. Selon certains chercheurs, le squale aurait également un septième sens qui lui conférerait l’habileté de sentir les lignes de force du champ magnétique de la Terre. Le site plongeur.com détaille les autres sens du requin:
- La vue est son point faible, même s'il a été démontré, contrairement à ce qui avait été dit pendant longtemps, qu'elle est proche des autres vertébrés. En revanche, ses autres sens sont d'une redoutable efficacité.
- L'odorat est son sens de loin le plus développé. Il a deux narines indépendantes l'une de l'autre qui réagissent activement aux acides aminés et par conséquent aux protéines qui se trouvent en quantités importantes dans le sang, la viande et un peu dans les excréments de poissons. Il est ainsi capable de sentir une goutte de sang dans plus de 4,6 millions de litres d'eau.
- Le goût qu’il perçoit grâce à des papilles dans la bouche comme les êtres humains. Il recrache ainsi souvent les aliments qu'il n'aime pas comme la chair humaine. Il a également des papilles sur le dos qui lui permettent de connaître la composition chimique et la quantité de sel de l'eau.
- L'ouïe lui permet de percevoir des vibrations dans l'eau grâce à leur ligne latérale qui est constituée d'innombrables cellules sensorielles baignant dans un mucus. Cet organe récepteur permet notamment de capter toutes vibrations et modifications de pression provoquée par une proie. Le requin peut également percevoir des sons très graves et des infra sons. Il peut donc écouter le son d'un animal en difficulté.
Face à l’indifférence générale vis-à-vis de la situation alarmante des requins, certains acteurs du monde marin ont décidé d’agir. C’est notamment le cas de l’organisation Sea Shepherd, qui traque les pêcheurs – entre autres activités – et du réalisateur et biologiste canadien Rob Stewart, auteur de l’excellent film Sharkwater. Ce dernier est mort l’année dernière lors d’un accident de plongée, alors qu’il tournait la suite de son documentaire sur les requins. Cet exceptionnel animal qui se meurt en silence a donc encore perdu l'un de ses rares et précieux défenseurs.
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