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Média indocile – nouvelle formule

A vif

A vif / Nuit des images: cherchez la photo

Luc Debraine

25 juin 2017

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L'événement estival du Musée de l'Elysée à Lausanne s'est joué dans des conditions parfaites. Constat: la photographie est si soluble dans l'époque qu'on commence à ne plus la voir.



Technique presque bicentenaire, la photographie s’est toujours caractérisée par sa capacité d’évolution. Elle était information, la voici conversation, moteur du grand babille des réseaux sociaux. Elle était fixe et de papier, la voici fluide et intengible, comme si le mot multimédia avait été inventé pour elle. La photo était rare, la voici si commune qu’on commence à ne plus à la voir. 

Un peu comme à la Nuit des images du Musée de l’Elysée de Lausanne, dont la 7e édition s’est déroulée dans des conditions estivales parfaites dans la nuit de samedi à dimanche. Il fallait vraiment la chercher, cette bonne vieille photo, dans l’offre de performances, de musique, de danse, de vidéo, de projections pré-photographie ou discours post-photographie. Par malice, la toute première photo, datée de 1827, se cachait au fond d’une grotte, comme si la question était réglée: ce genre d’image-là est de la préhistoire.

Pas de regret, ni de nostalgie des Nuits de la photo inventées par Charles-Henri Favrod au siècle dernier. L’époque a changé, la photo encore davantage. Le succès de la manifestation montre que le mélange des arts est apprécié: 8500 visiteurs ont empli les jardins du Musée de l’Elysée dans la nuit de samedi à dimanche, ponctuée comme de juste par un orage.

Mais la technique est coriace. Chassez-la par la porte, elle rentrera par la fenêtre. Elle est d’autant plus résistante lorsqu’elle montre le monde comme il va et ne va pas. Elle garde cette capacité d’information, d’indignation, de prise directe avec l’époque, sous haute tension. C’est ainsi que le Prix Elysée a été attribué en cours de soirée au photographe lausannois Matthias Bruggmann, auteur d’un projet au long cours sur la Syrie en guerre. Un récit visuel critique, dur et pur, comme si le refoulé de la photo du réel faisait retour devant nos yeux ébahis, sous les étoiles d’une nuit d’été.

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