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Actuel / Les chiffres qui poussent la gauche au pouvoir

Antoine Thibaut

1 juillet 2018

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Tout indique que le nouveau président du Mexique sera Andres Manuel Lopez Obrador (64 ans), dit AMLO, à la tête d’un rassemblement de gauche et centre-gauche (Morena). Il s’est présenté déjà deux fois et a été battu de peu, probablement à la suite de fraudes dans les urnes. Il est crédité par les sondages de 70% des suffrages, contre 20 et 10 pour les partis de droite. Un «populiste» pour ses adversaires. Un «réaliste» pour ses partisans qui rappellent son efficacité à la mairie de Mexico-city (2000-2005). Son cheval de bataille prioritaire: la lutte contre la corruption. Quelques chiffres qui en disent long sur le profond désir de changement qui se manifeste dans le deuxième pays d’Amérique du nord.



– Le parti du président sortant, le PRI, Parti révolutionnaire institutionnel, est au pouvoir depuis sept décennies. Avec une parenthèse de deux législatures entre 2000 et 2012 où le PAN, Parti de l’action nationale, son rival de droite aujourd’hui, a détenu la présidence.


– D’après la Banque mondiale, 60 des 125 millions de Mexicains sont pauvres, 28 sont en état de sous-nutrition.


– D’après l’ONG Oxam, les quatre Mexicains les plus riches possèdent un tiers du PIB du pays, les dix les plus riches, les deux tiers.


– Les privatisations menées par le président Salinas (1988-1994) a concentré la richesse. Dans le classement des pays comptant le plus de millionnaires en dollars, le Mexique est 4ème. Carlos Slim, un homme d’affaires insignifiant ayant réussi à décrocher pour son compte le monopole public des télécommunications, est devenu à plusieurs reprises, selon Forbes, la première fortune personnelle du monde.


– La corruption est le fléau, à tous les niveaux, que veut combattre Obrador. Les administrations sont impliquées. Les autorités fiscales estiment qu’il existe 6500 sociétés-écrans qui facturent des services fictifs. Elles calculent qu’ainsi, entre 2012 et 2017, 400 milliards de dollars (5% du PIB) ont été détournés.


Six Mexicains sur dix considèrent que la corruption a encore augmenté l’an passé. Dans le classement de Transparency international, le Mexique occupe la 135ème place sur 180 pays.


– L’un des proches du président sortant Nieto, Emilio Lozoya, devenu directeur de Pemex (Petroleos mexicanos) après la victoire du PRI, a touché 10 millions de dollars de la firme Obrecht en échange de divers contrats. L’enquête sur le système de corruption de cette entreprise, connue pour cela dans toute l’Amérique latine, n’avance pas depuis des mois.


– L’année 2017 a été la plus violente depuis vingt ans: 29'000 homicides, 80 morts par jour (+10% sur un an). La Basse Californie, paradis touristique sur le Pacifique, a connu ces quatre dernières années, une augmentation de 400% des homicides.

– Le nombre d’homicides est le plus élevé d’Amérique latine après le Venezuela: 25 par 100'000 habitants (annuel). Lors des deux dernières législatures, sous le gouvernement de Calderon et de Nieto, on a compté 200'000 assassinats.

– Lors de l’actuelle campagne électorale (présidentielle, parlementaire et municipale), on a enregistré 120 personnes politiques assassinées. Principalement au niveau local. Les victimes se montraient trop peu accommodantes avec les bandes criminelles.




VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@Renard rusé 07.07.2018 | 09h53

«je trouve l'article très intéressant mais j'ai des doutes par rapport aux chiffres cités : mexique deuxième pays d'Amérique du Nord ? en quoi ? n'est ce pas le Canada le deuxième pays ?
quant au classement des millionnaires : le quatrième ? d'où viennent ces chiffres. Il est certain qu'il y a beaucoup de millionnaires au Mexique mais dans les classements sur google il n'apparait pas.
Si ces affirmations sont fausses comment croire aux autres données de l'article ? et par contre au sérieux de votre revue ?»


@stef 24.07.2018 | 20h35

«@Renard rusé:
- 2e pays d’Amérique de Nord en terme de nombre d’habitants (124 millions)
- 4e pays en terme de nombre de millionnaires en dollars (pas en francs suisses ou en euros)

Les chiffres sont justes.

Renseignez-vous un peu mieux avant de douter aussi vite de cet excellent travail journalistique !»


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